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et sur de petits morceaux de muscles; et le nouveau succès que j’en ai eu m’a
conduit à d’autres découvertes, que j’exposerai bientôt après avoir décrit
quelques unes de ces expériences.

(28.) EXPERIENCE E. J’ai coupé tantôt une jambe avec la cuisse, tantôt
la jambe seule, tantôt une moitié ou un quart de jambe, à une grenouille; et
ayant applique, à l’ordinaire, à une partie de la piece coupée la feuille d’étain,
et à une autre partie la lame d’argent, et fait communiquer entr’elles ces ar-
mures, j’obtins toujours des convulsions et mouvements. J’en ai détaché un
seul muscle, par exemple le gluteus ou le gustrocnemius; d’autres fois je n’en
ai pris qu’un morceau pas plus gros qu’un grain d’orge; mêmes effets, savoir,
des contractions très vives et spasmodiques de ces muscles, ou de ces morceaux
de muscles, moyennant l’artifice de deux armures différentes, etc.

EXPERIENCE F. J’ai répété les mêmes expériences sur une jambe, une
moitié et un tiers de jambe, sur un seul muscle, et un fragment de muscle, de
poulet, et d’autres oiseaux; sur une tranche du gluteus d’un lapin, d’un agneau,
etc. et j’ai eu les mêmes effets tout le tems que les chairs ont conservé une
chaleur sensible. (Sect. 26)

(29.) Ainsi donc on excite des contractions très fortes dans les muscles
des animaux à sang chaud, comme à sang froid, et dans toutes les parties
coupées des muscles; et on les excite par le simple artifice des armures métal-
liques différentes, appliquées au muscle lui-même, sans aucune préparation
des nerfs, même sans decouvrir ceux-ci. Ailleurs nous avons vu qu’on les
excite également, et par le même moyen des armures appliquées à deux
parties voisines du nerf seul, (Sect. 19 et 20. Expérience A et B) d’où j’ai raison
de conclure qu’il n’est pas du tout necessaire qu’il se fasse une décharge de
fluide électrique entre nerf et muscle, ou qu’il s’en transporte de l’interieur à
l’exterieur de ce dernier par le nerf et par l’arc conducteur, comme Mr. GAL-
VANI suppose,ou vice versa; et qu’il n’y a aucune comparaison à faire du muscle
avec la bouteille de Leyde et sa décharge, dans les expériences dont il s’agit
ici. Qu’y a-t-il en effet qui resemble, et qu’on puisse expliquer analogiquement
à la bouteille, lorsque les deux lames de métal, auxquelles arrivent les deus
bouts de l’arc conducteur, se trouvent appliquées très près l’une de l’autre à
l’extérieur du même nerf (Expérience A et B), ou sur l’extérieur de deux
muscles semblables, ou sur le même muscle? (Expérience C, D, E, F) il faut
convenir qu’on feroit inutilement des efforts pour soutenir ici une analogie
avec la bouteille de Leyde.

(30.) EXPERIENCE G. Ayant revêtu de deux feuilles, une d’argent l’autre
d’étain, les deux cuisses d’une grenouille aux endroits précisement corres-
pondants, on excite les contractions des muscles et les mouvements ordinaires
des jambes, au moment qu’on fait communiquer par un arc conducteur ces
deux armures.