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(31.) Est-ce comme cela, je demande, que se fait la décharge de deux
bouteilles de Leyde, en établissant une communication entre les surfaces
homologues? Laissons donc la ces idées de bouteille et décharge, et toute
explication forcée, et disons simplement’ qu’il se fait ici, et dans les expériences
analogues, un transport de fluide électrique de l’une à l’autre des deux parties
convenablement armées; transport déterminé, non par un excès respectif de ce
fluide, qu’on ne sauroit naturellement supposer entre des parties similaires,
mais par la diversité de ces mêmes armures, qui doivent être de différents
métaux, comme j’ai eu soin d’indiquer déjà, (Sect. 20 et 21. Experience B
et C) et toujours inculqué dans la suite.
En effet,

(32.) EXPERIENCE H. Si deux muscles, ou deux endroits d’un seul muscle,
sont armés pareillement, c’est a dire, de deux lames d’un même métal, égales
aussi quant à leur trempe et dureté, souplesse ou rigidité, quant au poli ou à
la rudesse des superficies, et appliquées de la même manière, on aura beau les
faire communiquer par un arc conducteur, il ne s’en suivra aucune convulsion,
aucun mouvement.

(33.) J’avoue qu’il n’est pas aisé de concevoir comment et pourquoi la
simple application de deux armures dissemblables, je veux dire de deux diffé-
rents métaux, à deux parties similaires de l’animal, et même à des points
très proches les uns des autres d’un muscle quelconque, trouble l’équilibre
du fluide électrique, et, le tirant de son repos et de son inaction, le sollicite
de passer incessamment d’un endroit à l’autre: lequel transflux a lieu sitôt
qu’on établit un arc conducteur entre ces deux armures dissemblables, et con-
tinue tout le tems que cette communication subsiste. Mais concevable ou non,
qu’en soit la cause, c’est un fait que les expériences deja rapportées prouvent
assez, et qui sera confirmé par beaucoup d’autres; à la suite desquelles je
tâcherai d’en donner quelqu’explication. C’est un fait qu’on doit ajouter à
ce que nous connoissions deja en électricité: un fait qui doit surement paroître
extraordinaire et difficile à concilier avec les lois communément établies.
C’est véritablement une nouvelle loi bien singuliere, que j’ai découverte; une
loi qui n’appartient, pas proprement à l’électricité animale, mais à l’électri-
cité commune, puisque ce transflux de fluide électrique, transflux qui n’est pas
au surplus momentane, comme seroit une décharge, mais continu et suivi
tout le tems que la communication entre les deux armures subsiste, a lieu,
soit que celles-ci se trouvent appliquées aux substances animales vivantes
ou mortes, ou à d’autres conducteurs non metalliques, mais suffisamment,
bons, comme à l’eau, ou à des corps mouillés. Mais avant que d’en venir aux
expériences qui prouvent décidément tout ce que j’avance ici, je dois encore
m’arrêter quelque peu sur celles que j’ai deja rapportées (Sect. 20-32).

(34.) Il paroit d’abord par celles-ci qu’on peut exciter, moyennant le simple