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à pile, soit à tasses, de 30 et même de 20 couples, pourvu que les métaux soient
suffisamment nets et propres, et surtout que les couches humides interposées
ne soient pas de l’eau simple et pure, mais des solutions salines assez chargées.

Ce n’est pourtant pas que ces humeurs salines augmentent proprement
la force électrique: point du tout; elles facilitent seulement le passage et laissent
un plus libre cours au fluide électrique, étant beaucoup meilleurs conducteurs
que l’eau simple, comme plusieurs autres expériences le démontrent.

Pour bien constater cela et mettre sous le yeux des personnes qui avoient
de la peine à le croire, que la force électrique est, sinon exactement à très-
peu-près la même, que les couches humides soient de l’eau pure ou de l’eau
salée, quoiqu’il y ait une si grande différence dans la commotion qu’on éprouve,
j’ai fait souvent l’expérience suivante, dont je vous ai parlé, et que j’aurois
bien voulu vous montrer, si j’avois eu sous ma main les articles nécessaires.
Je prends une trentaine de coupes ou de verres à boire, et j’en construis un
de ces appareils, que j’appelle à couronne de tasses, en y mettant assez d’eau
pure, et les faisant communiquer le premier au second, le second au troisième,
et ainsi de suite les autres verres jusqu’au dernier, par des arcs métalliques
qui se terminent d’un côté en une lame de cuivre, de l’autre en une de zinc,
et sont tournés tous dans le même sens. L’appareil ainsi construit, j’essaie sa
force électrique en faisant communiquer au sol la première des tasses, et ap-
pliquant le condensateur à un métal qui plonge en partie dans la dernière,
lequel condensateur me donne ensuite, en le retirant, et séparant l’un de ses
disques de l’autre, de la manière qu’il faut, et sans retard, 40, 60 degrés ou
plus, suivant sa force condensatrice. J’essaie aussi la secousse de la manière
la plus avantageuse, et je trouve qu’elle est très-petite. Après m’etre bien assuré
et du degré d’électricité, et de la foiblesse de la secousse, j’ajoute une pincée
de sel dans chaque tasse, et répétant les épreuves, je trouve que l’électricité
n’a point du tout augmenté, le condensateur ne me donnant encore que les
40 ou 60 degrés, comme auparavant; mais les commotions sont incomparable-
ment plus fortes.

Il y a bien d’autres expériences dont je vous ai entretenu de vive voix,
et que j’aurois bien voulu vous mettre sous les yeux, mais je manquois des
outils nécessaires pour les exécuter. Je vous ai dit, et vous en fûtes bien étonné
et plus encore M. PICTET, qu’avec mon [1] appareil je charge une bouteille de
Leyde, de quelque capacité qu’elle soit, et même une grande batterie; que je
les charge en un instant, ou pour parler plus juste, en moins d’un vingtième
de seconde, et au même degré à-peu-près de l’appareil lui-même; savoir, à
un degré environ de tension, si celui-ci est composé de 60 couples; à deux