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Pour hâter ce passage d’une electricité à l’autre, pour rendre plus court
le repos intermediaire, il est bon d’oter le cube metallique, qui conserve
trop long-tems la chaleur, et mieux encore d’en mettre à sa place un froid,
ou de couvrir la tête superieure de la tourmaline avec un corps froid quel-
conque, avec le doigt si l’on veut en le touchant à reprise pour ne pas se bruler
tandis qu’elle est trop chaude. On verra, que l’electricité nouvelle commence
à peu près lorque on peut tenir appliqué le doigt sans douleurs.

Il est presqu’inutile de faire remarquer, que si on a substitué au cube
chaud un autre froid, auquel communique le second électrometre, qui donne
les signes d’électricité positive correspondants à ceux d’électricité négative que
donne le premier electrometre qui porte la tourmaline, on aura le même jeu
que ci-dessus en touchant le chapeau d’un de ces electrometre en façon d’y
détruire l’electricité; c’est-à-dire, qu’on augmentera à proportion la diver-
gence des pailles dans l’autre electrometre.

De toutes ces expériences on deduit aisément qu’il nait à la fois deux
electricités dans la tormaline la positive à un de ses extremités ou poles; et
la negative à l'autre; et que ces deux électricités acquises par l’échauffement
après un intervalle plus ou moins long se renversent lorsque il succède le
refroidissement... [1] qu’il y a deux époques d’électricité dans la Tourmaline,
qu’on échauffe, et qu’on laisse refroidir; la première, durant l’echauffement
jusqu’à un certain degré; l’autre durant le refroidissement depuis ce même
degré jusqu’à une certaine temperature, qui n’est pas de beaucoup supérieure
à celle de l’ambient: et que ces deux électricités sont contraires l’une à l’autre.

Mais il est si non impossible, du moins très-difficile d’observer distinctement
ces deux époques ou periodes d’électricité, et plus encore d’en suivre la marche,
c’est-a-dire, la gradation progressive, en suite la retrogradation par une chaleur
trop forte, jusqu’à zero, le repos plus ou moins long, après le commencement
et la progression de la seconde électricité contraire à la premiere; il est, dis-je,
très-difficile d’observer tout cela, en s’y prenant de toute autre facon que celle
que j’ai pratiquée à l’aide d’une pair d’électrometre de Cavallo perfectionnés
ecc. Aussi ceux qui se sont appliqués de toute autre maniere, et avec d’autres
appareils aux experiences sur la tourmaline, n’ont-ils pu observer commu-
nement que l’électricité de la seconde époque. Ils echauffoient la tourmaline
à part, et la présentoient à des fils deliés servants d’électrometre: par con-
séquent ils l’examinoient lorsque commençant à se refroidir, elle étoit sur
le retour.

Lorsque j’en fais autant, que je l’échauffe à la flamme d’une chandelle