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grande dose d’électricité, qu’il ne le feroit si on l’isoloit dans l’air à la manière
accoutumée, ou si on le plaçoit sur une couche semblable, mais fort épaisse;
et il en recevra une si grande quantité, que lorsqu’on viendra à le soulever,
il la fera jaillir de tous les cotés, et provoqué avec le doigt, il lancera une étin-
celle des plus fortes. Ainsi le disque, posé au beau milieu du plateau d’un élec-
trophore qu’on n’a point animé et soulevé en l’air, après avoir été électrisé
lui-même, donne sans qu’on le touche, des étincelles, envoie de toutes parts
de petits jets de lumière, par la grande abondance d’électricité qu’il a été
capable de recevoir, tandis qu’il étoit couché, mais qu’il ne peut plus con-
tenir dès qu’il est soulevé.

N.° LXVI. Mais je laisse volontiers de côté les experiences qu’on peut
faire avec l’électrophore et avec toute autre couche de matière qui soit un
vrai et parfait cohibent, par la raison que pour peu qu’on pousse l’électricité
dans le disque posé sur une pareille couche, elle s’imprime sur la face du
cohibent, et le jeu de l’électrophore s’y renouvellant en quelque sorte, les
effets deviennent par la même trop compliqué (XXVI.). Je retourne bien
volontiers à mon plan d’albâtre, à mon bois sec ou vernissé, à ma toile cirée;
tous corps absolument, quoique difficilement, perméables au fluide électrique,
auxquels par conséquent l’électricité ne s’attache jamais ou que fort peu,
lorsqu’on emploie les moyens les plus puissants (XXVI.). D’un autre côté,
nous avons vu que les expériences réussissent mieux sur ces corps que sur
les vraies couches isolantes, quelque minces qu’elles soient, quant à la téna-
cité avec laquelle le disque retient sa vertu électrique, lorsqu’on le touche
avec le doigt, etc., long-temps et à différentes reprises; ce que je regarde comme
le phénomène le plus merveilleux.

N.° LXVII. Oui, les expériences reussissent incomparablement mieux à
cet égard sur un carreau nu de beau marbre ou d’albâtre, sur le bois sec et
poli, sur la toile cirée, que sur la face résineuse d’un électrophore; et la chose
va jusqu’au point, que l’on peut tenir le doigt appliqué contre le disque de
métal couché sur ces plans, dans le temps même et pendant tout le temps
qu’on lui communique l'électricité On peut ne lever le doigt que quelques
secondes après avoir cessé d’électriser; et malgré tout cela, laisser au disque
assez d’électricité pour lancer une petite étincelle, lorsqu’on le soulevera.

N.° LXVIII. En faisant de semblables expériences sous les yeux de quel-
ques Physiciens électrisants de profession, comme je les ai faites devant des
Amateurs, je voudrois bien leur demander d’où vient que mon disque de métal,
porté sur une colonne isolante, ou suspendu en l’air avec des cordons de soie,
si on vient à le toucher seulement du bout du doigt, perd à l’instant toute son
électricité, au cas qu’il en ait, et qu’à plus forte raison on l’empêche d’en
acquérir, s'il n’en a point encore? La raison en est toute simple, me diroit
toute personne qui auroit la plus légère teinture d’électricité: tandis que vous