263

Ginevra Bibl. Univ. Ms. Sen.: Cart. Volt. E fot. 3.

Monsieur

De Milan ce 29.me Août 1780.

Je profite d’un moment de loisir qui me reste avant d’entreprendre un
voyage dans la Toscane pour vous écrire deux mots. J’étais encore en donte
de votre retablissement, lorsque votre lettre m’a consolé en me l’apprenant:
quoiqu’il ne soit pas encore parfait, j’ai la meilleure espérance qu’il le sera
bientôt; et il faut que vous l’ayiez aussi cette espérance, car cela peut con-
tribuer beaucoup: même je crois qu’il faut que vous vous comportiez de
façon comme si vous étiez tout-a-fait sain, à l’application près; car il y a
apparence que l’excès d’étude a été l’origine de votre maladie. Pour moi
je ne cours aucun danger de ce coté-là de tomber malade; et vous le savez
bien, qui me reprochez l’oisiveté dans laquelle je vis: tant pis pour le me-
decin, et tant mieux pour moi; ma santé ne peut pas être meilleure. Ce-
pendant ne croyez pas que j’aye tout-a-fait abandoné les recherches sur
les airs, et sur l’électricité. Touchant les premiers j’ai un peu perfectionné
mon Eudiometre, et l’ai conduit à un point d’exactitude, que sans beaucoup
de précaution je ne tombe jamais dans une erreur qui soit plus grande d’un
dégré sur mon échelle, qui est divisée en 200. Ce que l’Abbé FONTANA peut
à peine obtenir avec son Eudiometre mis en usage avec tant de precautions.

Pour ce qui est de l’électricité je viens d’écrire un long memoire, qui
doit être présenté à la Societé Royale de Londres; et qui ne sera publié
que d’ici à quelque tems. Il contient entre autres expériences celle d’aug-
menter, ou pour mieux dire, de rendre sensible, et même assez vive et
étincelante l’électricité très-foible par elle-même et tout-a-fait impercep-
tible soit d’une mauvaise machine, soit d’une bouteille de Leyde si pauvre-
ment chargée qu’elle sauroit à peine attirer un fil leger, soit enfin d’un
Conducteur de l’électricité aërienne, qui ne peut pas même mouvoir ce fil.
Oui, Monsieur, une électricité si foible, qui ne se manifeste par aucun signe,
ou tout-au plus par des extremement petits, je parviens à la rendre je ne
dis pas bien forte, mais incomparablement plus perceptible, jusqu'à donner
des signes très-marqués, même des étincelles, au moyen de la faire passer
dans un appareil, qui ressemble à l’Electrophore, et que faute d’un nom
propre j’appelle Apparecchio ingranditore. Quand une barre Franklinienne
élevée dans les airs ne donne aucun signe sensible d’électricité; il suffit
que j’en fasse comuniquer le fil conducteur à mon appareil, savoir à la pla-
que superieure de cette espece d’électrophore, pour que cette même plaque
retirée un peu après, et otée de dessus le plat, attire fortement un fil, et