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bords assez pour les y retenir par une petite vis de pression chacune, laissant
encore 5. lignes de la tourmaline, à nu. Ainsi ces armures on peut les attacher
et oter à volonté.

Je commence les expériences par placer la tourmaline sans armures sur
la plaque du chapeau d’un de mes électrometres à paille, la tête ou pôle, que
je trouve être le positif, tournè et appliqué à ce chapeau de l’electrometre,
et par couvrir l’autre tête tournée en haut avec un cube de cuivre un peu plus
grand que cette tête, bien echauffé. Un instant après les pailles de l’électro-
metre commencent à s’ouvrir par une électricité positive, et qui va en aug-
mentant jusqu’à, 10. 15. 20 degrés, sùr-tout si touchant le cube avec un fil
de fer ou autrement, je le fais communiquer au plancher.

Si au lieu de cela je le fais communiquer moyennant un fil metallique
au chapeau d’un autre electrometre semblable, il est beau de voir les pailles
de celui-ci s’ouvrir de même, et à-peu-près autant que celles du premier,
mais par une électricité contraire, c’est-à-dire negative: de sorte qu’en appro-
chant au fil conducteur un bâton de cire d’espagne frotté (qui est electrisée
negativement) on voit decroitre et cesser la divergence des pailles du premier
électrometre, je veux dire de celui qui porte la tourmaline, et augmenter
la divergence dans l’autre électrometre, qui communique à la partie supe-
rieure de la dite tourmaline.

Pendant que les deux électrometres communiquants aux deux têtes ou
pôles opposés de la tourmaline marquent une électricité contraire l’un à
l’autre, si je touche du doigt ou autrement le chapeau de l’un, voila que l’elec-
tricité de celui-ci tombe, comme de raison; mais celle de l’autre électrometre
augmente en proportion. Je touche alors, et je fais tomber celle-ci; et voila
que l’autre se releve. En un mot il en arrive précisément comme lorsqu’on
touche alternativement les garnitures aux surfaces opposées d’une bouteille
de Leyde, ou d’un carreau chargé.

La chaleur communiquée à la tourmaline par le cube de cuivre bien
chaud posé dessus de la maniere decrite, et comme la mauvaise figure ci-
dessous vous le represente [1] , lorsqu’elle a atteint un certain degré, tel qu’on
ne pourroit plus y tenir le doigt sans se bruler, l’électricité cesse d’augmenter,
et si la chaleur augmente encore elle decroit, et se reduit bien-tôt à zero;
au quel état elle reste long-tems. Après ce repos commence une autre électri-
cité en sens contraire, c’est-à-dire negative dans le pôle porté par l’electro-
metre, et dans cet electrometre par conséquent, et positive dans le pole su-
perieur qui porte le cube de cuivre, et dans l’électrometre au quel il commu-
nique; et ces électricités contraires vont en augmentant à raison que l’appareil
se refroidit, jusqu'à ce qu’elles arrivent à-peu-près au même degré qu’elles
avoient atteint lors de l’echauffement.