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le plateau de bois, ou vernissé ou couvert d’une toile cirée, sur la toile peinte
d’un tableau, et qu’on l’électrise dans cette position, il semblera, au premier
abord, que l’électricité traverse le plan, sans qu’il y en reste, ou du moins sans
qu’il en reste beaucoup, puisque, loin de lancer des aigrettes par les bords,
il ne donnera pas même une étincelle visible au doigt qui le touche; à peine
attirera-t-il un fil léger qu’on lui présentera. Vous serez donc porté à con-
clure qu’il n’a acquis que peu ou point d’électricité. Mais essayez à écarter
le disque du plan sur lequel il pose; levez-le, approchez-en le doigt; vous
verrez que ce qui vous paroissoit à peine une ombre d’électricité, a assez
de force pour lancer une très-vive étincelle contre votre doigt, quelquefois
même pour lancer des jets spontanés de lumière dans l’air.

N.° LXIII. Ces jets ne manqueront pas d’avoir lieu, toutes les fois que
le plan sur lequel on posera le disque de métal pour l’électriser, sera de la
meilleure qualité, tel que nous l’avons demandé (XXXII.), sur-tout si le disque
de son côté présente quelque pointe, quand elle seroit un peu émoussée, ou
s’il a des bords peu épais ou mal arrondis. Voilà pourquoi, lorsque je veux
avoir une étincelle plus forte, je me sers d’un disque d’électrophore, dont
les bord sont d’une épaisseur convenable, ou parfaitement arrondis. J’opère
avec ce disque sur une table de vieux albâtre poli et sec autant qu’il peut
l’être, sur un plateau de bois bien vernissé, sur une toile cirée, sur la toile
peinte d’un vieux tableau, et l’expérience me reussit à merveille. Je tire du
disque, en vertu de l’électricité dont on l’a chargé, tandis qu’il posoit sur
l’un des plans que je viens de nommer, l’électricité qui paroissoit nulle alors.
J’en tire, aussi-tôt que je viens à le lever, une étincelle forte et très-piquante,
à la distance de plusieurs pouces; et souvent, dans l’instant même je le
soulève, ses bords, quoique grossiers et arrondis, lancent de toutes parts des
jets de lumière et des étincelles bruyantes dans l’air: ce qui donne un spectacle
fort agréable, lorsque l’expérience se fait dans un endroit obscur.

N.° LXIV. D’où il suit clairement que le disque est disposé à recevoir
et à conserver une plus grande dose d’électricité, quand, au lieu de le tenir
parfaitement isolé, on le laisse jouir d’une ample communication, en le posant
sur un plan qui soit pourtant un conducteur très-imparfait, ou par sa nature
(comme le sont certains marbres, l’écaille, le bois séché de longue main ou
au soleil, le plâtre, etc.), ou rendu tel au moyen d’une couche peu épaisse de
matière presque cohibente; et c’est le cas se trouvent le bois vernissé, la
toile cirée, un lit, un banc couvert de velours ou de toute autre étoffe, qui
ne soit ni tout-a-fait humide, ni extrêmemeut sèche.

N.° LXV. Lors même qu’on électrisera le disque posé sur des plan couverts
d’une couche de matière parfaitement cohibente, de soufre, par exemple,
de cire d’Espagne ou d’une résine quelconque, de poils, de soie, tout cela
parfaitement sec, il recevra, pourvu que cette couche soit mince, une plus