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suis rendu en Italie que vers la moitié d'Octobre, et à Pavie il y a peu
de jours. J’ai trouvé ici votre lettre du 8. d’Août, à laquelle je fais reponse
premierement en vous remerciant du programme de votre Sçavante So-
ciété, qu’il vous a plu de m’envoyer. Pour ce que vous me proposez d’être
reçu comme membre dans la même, je n’ai garde de refuser un pareil hon-
neur, que j’accepterai comme un effet de l’indulgence de ces Mrs., ne pou-
vant le reconnoitre comme à mon mérite. Je n’ai point de titres fas-
tueux, celui de Professeur de Physique expérimentale à l’Université Impé-
riale de Pavie
est mon emploi, et l’autre de noble patricien de Côme désigne
ma naissance. Voila tout. Quant au moyen de me faire parvenir le diplome,
vous pourriez l’adresser sous enveloppe à S. E. Monsieur le Comte de Wilzek,
Ministre Plenipotentiaire pour S. M. I. R. A. dans la Lombardie Autrichienne
à Milan
.

Etes-vous informé que nous sommes parvenus Mr. LAVOISIER et moi
à obtenir des signes d'électricité très-distincts, et jusques l’étincelle, par
l’évaporation de l’eau, et par les effervescenses que produisent les différentes
éspeces d’air? J’avais annoncé dans un memoir, qui a été lu à la Société R.
de Londres avant Pâques, sur mon appareil à condenser l’électricité, qu’à
l’aide de celui-ci j’esperois de découvrir l’électricité de l’évaporation ec. trop
foible peut être pour être aperçue sans un tel secours. Quelque tems après
en parlant de cela à Mr. LAVOISIER et à d'autres nous convinmes de tenter
ensemble l’expérience, ce que nous fîmes avec un plein succès vers la moi-
tié d’Avril. J’eus occasion après de repeter plusieurs fois, et de varier ces
expériences tant à Paris qu’à Londres, qui reüssirent toujours, et souvent
même sans le secours du condensateur. La manière la plus aisée de réussir
est d’isoler en plein air pendant que le soleil donne ou que l’air est sec,
ou qu’il fait du vent un creuset de métal, auquel soit attaché un long fil
de fer, qui termine à un électromètre très-sensible (celui de M. CAVALLO
qui consiste en deux fils d’argent très-minces renfermés dans une bouteille,
est le plus propre). On met quelques charbons allumés dans le creuset: si
les choses sont bien disposées, si l’air est sec, si le vent tire pour bien ac-
celerer la combustion, ou s’il s’eleve assez de fumée, vouz verrez les deux
fils de l’électromètre s’éloigner sensiblement. Si non, jettez un peu d’eau
sur les charbons pur les éteindre: vous ne manquerez pas d’une fumée
épaisse, et des signes d’électricité beaucoup plus marqués. Je ne vous pro-
mets pas d’étincelle, à moins que vous n’operiez très-en grand, en excitant
un grand nuage de vapeurs, de fumée, ou d’un gas quelconque, ou que vous
fassiez intervenir le secours de mon appareil condensateur. Vous savez déja
en quoi il consiste; mais vous devez avoir l’attention dans ce cas que le
plan inférieur soit de marbre, soit de bois vernissé, ou couvert de toile cirée,
ou quelqu’il soit semi-isolant, soit entretenu bien sec, et même un peu chaud