Cart. Volt. E 20.

Monsieur

à Pavie ce 10me Juin 1791.

Votre lettre du 27.me Mai m’a fait le plus grand plaisir et par les obli-
geantes expressions dont elle est pleine, et par les nouvelles que vous me donnez.
J’apprens les excursions que vous avez deja faites, et celles que vous allez
faire, les conversations que vous avez eu avec plusieurs Savants la pluspart
de ma connoissance, et les connoissances que vous puisez partout, en par-
tageant les vôtres; et je suis extremement flatté tant du souvenir, que de
la bonne opinion, que tous ont pour moi, et vous, Monsieur, le premier.
En verité ja ne sçais comment repondre à cette opinion et prévention favo-
rable; car mes travaux litteraires sont si peu que rien [1] . Pourtant comme
vous souhaitez que je vous dise quelques chose de mes petites expériences sur
la Tourmaline [2] , dont vous avez vu les premiers essays; je vais vous decrire
ici en peu de mots les resultats.

[3] J’ai fait acquisition d’une belle et grande Tourmaline de Ceylan. C’est
une colonne rayée ou à plusieurs faces inegales de 8. lign. de longueur, et
4. de grosseur environ. J’en ai fait dresser les têtes en les usant à l’emeril,
pour qu’elle pût se tenir droite sur l’une et sur l’autre [4] ; et j’y ai fait adapter
deux garnitures de cuivre, qui couvrent ces deux têtes, et s’avancent sur les