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et à le pousser dans la direction que prend son courant, en un mot, à aug-
menter la force ou tension électrique; bien moins, dirai-je, qu’elles soient
la principale cause de cette électricité; mais c’est plutôt parce qu’elles oppo-
sent moins de résistance, en leur qualité de conducteurs moins imparfaits,
à ce courant déterminé par le contact mutuel des métaux differens: c’est, en
un mot qu’elles le laissent passer plus librement.

Au reste ce ne sont pas toujours les liquides les plus oxidans qui donnent
lieu aux plus fortes commotions: et, en général, si on compare bien, je ne dis
pas les effets sur l’électromètre, mais même les commotions (qui sont d’ailleurs
des signes si équivoques), on ne remarquera pas ce rapport entre la vertu
oxidante des liqueurs employées dans l’appareil, ou pour mieux dire, entre
le procédé d’oxidation qui a lieu, et la force de la commotion. Par exemple,
la potasse liquide n’est pas un fluide plus oxidant, il n’attaque pas plus les
métaux, et en particulier le zinc, que ne le fait l’eau pure; et cependant si
les cartons de la pile sont imbibés de cette liqueur alkaline au lieu d’eau, la
commotion qu’on reçoit dans ce cas est beaucoup plus forte, et prèsque égale
à celle qui auroit lieu s’ils étoient imprégnés d’eau salée ou acidulée. La potasse
liquide n’est pas une substance plus oxidante, mais elle est un beaucoup
meilleur conducteur que l’eau: voilà pourquoi elle permet, je m’exprime ainsi,
une commotion beaucoup plus forte. Tout dépend donc, sous le rapport de
la commotion plus ou moins forte, et du plus ou moins prompt développement
des gas autour des fils metalliques plongés dans l’eau, et qui font partie du
cercle, tout dépend, dis-je, ou prèsque tout, sous ces deux points de vue, de
la faculté conductrice des liquides interposés; faculté qui varie beaucoup
pour les différentes solutions salines.

Encore un mot sur ce que plusieurs physiciens croient la présence de
l’air respirable nécessaire à l’action de la pile; et que dans le vide de la machine
pneumatique cette action cesse entièrement, ou à-peu-près: le Dr. VAN-MARUM
vient de prouver le contraire; et quand il ne l’auroit pas fait, mes épreuves
déjà rapportées dans ma lettre à Sir JOSEPH BANKS (Mars 1800) qui consis-
toient à entourer d’huile ou de cire toute la pile, laquelle continuoit d’agir
très-bien avec une telle enveloppe, et pendant plusieurs semaines, ces expé-
riences, dis-je, démontrent assez que les effets ont lieu sans le concours de l’air.

Mais comment ont-ils donc été induits en erreur les physiciens qui atte-
stent avoir vu les effets de la pile disparoître ou s’affoiblir prodigieusement
dans le vide de BOYLE? En accordant quelque chose à leurs observations,
j’expliquerois le fait en attribuant l’affoiblissement des signes d’action, pre-
mièrement à l’évaporation de l’humidité des cartons, évaporation provoquée
par le vide d’air qui àles dessécher au point de ne plus laisser passer le
courant électrique avec la vitesse requise pour donner une commotion assez
sensible; en second lieu, à ces mêmes vapeurs, condensées sur l’extérieur de
la pile jusqu’à la mouiller; ce qui, comme on sait, nuit beaucoup.