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à des expériences faites justement en Angleterre, qu’il doit connoître; et à
celles exécutées en grand en Hollande par mon ami le Dr. VAN-MARUM. Que
dira-t-il, si non qu’il est tenu de se rendre à l’évidence?

On a fait, et on continue de faire d’autres objections à ma théorie. Ce ne
sont pas, dit-on, des phénomènes purement électriques que présente la pile:
le développement du gaz hydrogène d’un côté, et de l’oxigène de l’autre;
l’oxidation des métaux; la production d’un acide (l’acide nitrique à ce qu’il
paroit) du côté de l’oxigène, et d’un alkali (l’ammoniaque) du côté de l’hy-
drogène, etc., ces faits semblent être propres seulement à cette classe d’appareils.
D’ailleurs, cette oxidation paroît être plutôt cause qu’effet de l’action gal-
vanique, ou contribuer au moins beaucoup à son énergie.

Je réponds premièrement, que dès que tous ces effets de la pile ont pu
être produits et imités exactement par l’électricité ordinaire, il ne doit plus
y avoir de difficulté à les attribuer à l’électricité qui se manifeste dans la
pile elle-même au degré suffisant pour les produire, eu égard surtout à son
action continuelle. En second lieu, que l’oxidation est en partie indépendante
de l’action galvanique, ou pour mieux dire électrique; car elle est l’effet chi-
mique ordinaire de tel ou tel fluide sur tel ou tel métal: elle en dépend aussi
en partie, en tant que le courant électrique modifie singulièrement cette oxi-
dation, en l’augmentant beaucoup dans le métal d’où le courant sort pour
passer dans l’eau ou tout autre liquide oxidant, et en la diminuant ou sup-
primant tout-à-fait dans le métal le courant électrique entre, et le gaz
hydrogène se développe. Ainsi donc, le courant électrique exerce une action
oxidante, et une désoxidante, suivant qu’il passe d’un métal dans un liquide,
ou du liquide dans le métal; mais cette action n’est nullement la cause du
courant, elle n’en est que l’effet.

Je sais bien qu’il y a des apparences contraires qui ont pu en imposer:
on a observé qu’en général, plus l’un des métaux est oxidable (le zinc en effet
est à cet égard en première ligne) et plus le liquide qui le touche est oxidant,
et plus aussi la commotion que donne la pile est forte, et plus le développement
des bulles d’air autour des fils, qui plongent dans l’eau et font partie de l’arc
conducteur, est prompt. Mais il faut observer que ces effets, je veux dire ce
développement des gaz, et surtout la commotion, tiennent non seulement à
la force ou charge d’électricité; mais aussi à la qualité plus ou moins perméable
des conducteurs du courant électrique. Or ce courant est toujours fort re-
tarde si les conducteurs métalliques sont interrompus par d’autres non-mé-
talliques infiniment moins bons qu’eux, et cette disposition a lieu dans la
pile. Ce même courant est beaucoup plus retardé par l’eau simple que par les
solutions salines, qui ne sont pas à beaucoup près si mauvais conducteurs
qu’elle, ainsi que des expériences directes l’ont prouvé. Voilà pourquoi en
imbibant de ces humeurs salines les cartons de la pile on a des commotions