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incomparablement plus forte; mais la tension indiquée par l’électromètre ne paroit pas aug-
menter au moins dans le même rapport. Le citoyen Volta nous a prouvé ce fait à l’aide de
l’appareil à couronne de Tasses, en y versant successivement de l’eau pure et de l’eau acidulée.

Il conclut de cette expérience que les acides et les dissolutions salines favorisent l'action
de la pile, principalement parce qu’ils augmentent la propriété conductrice de l’eau dont les
cartons sont imbibés. Quant à l’oxidation, il la regarde comme un effet qui établit un contact
plus étroit entre les élémens de la pile, et contribue ainsi à rendre son action plus continue et
plus énergique.

Tel est à peu près le précis de la théorie du citoyen Volta sur l’électricité que l’on a nommée
galvanique.

Son but a été d’en réduire tous les phénomènes à un seul, dont l’existence est maintenant
bien constatée: c’est le développement de l’électricité métallique par le contact mutuel des
métaux.

Il paroît prouvé par ces espériences que le fluide particulier auquel on attribua pendant
quelque temps les contractions musculaires et les phénomènes de la pile, n’est autre chose que
le fluide électrique ordinaire, mis en mouvement par une cause dont nous ignorons la nature,
mais dont nous voyons les effets.

Telle est la destinée des sciences, que les plus brillantes découvertes ne font qu’ouvrir
un champs plus vaste à des recherches nouvelles. Après avoir reconnu et évalué, pour ainsi
dire, par approximation l'action mutuelle des élémens métalliques, il reste à la déterminer
d’une manière rigoureuse, à chercher si elle est constante pour les mêmes metaux, ou si elle
varie avec les quantités d’électricité qu’ils contiennent, et avec leur température. Il faut évaluer
avec la même précision l’action propre que les liquides exercent les uns sur les autres et sur
les métaux. C’est alors que l’on pourra établir le calcul sur des données exactes, s’élever ainsi
à la véritable loi que suivent, dans l’appareil du citoyen Volta, la distribution et le mouvement
de l’électricité, et compléter l’explication de tous les phénomènes que cet appareil présente.
Mais ces recherches délicates exigent l’emploi des instrumens les plus précis qu’aient inventés
les physiciens pour mesurer la force du fluide électrique.

Enfin, il reste à examiner les effets chimiques de ce courant électrique, son action sur la
économie animale, et ses rapports avec l’électricité des minéraux et des poissons; recherches
qui, d’après les faits déjà connus, ne peuvent être que très-importantes.

Lorsqu’une science déja fort avancée a fait un pas important, il s’établit des liaisons nou-
velles entre les branches qui la composent; on aime alors à porter ses regards en arrière pour
mesurer la carrière qui a été parcourue, et voir comment l’esprit humain l’a franchie. Si nous
remontons ainsi à la naissance de l'électricité, nous la trouvons, au commencement du dernier
siècle, réduite aux seuls phénomènes d’attraction et de répulsion; DUFAY, le premier, reconnut
les règles constantes auxquelles ils sont assujettis, et expliqua leurs bizarreries apparentes
Sa découverte des deux électricités, résineuse et vitrée, fonda les bases de la science; et FRANKLIN,
en la présentant sous un nouveau point de vue, en fit le fondement de sa théorie, à laquelle
tous les phénomènes, même celui de la bouteille de Leyde, vinrent naturellement se plier.
EPINUS acheva de prouver cette théorie, la perfectionna en l’assujettissant au calcul, et parvint,
à l’aide de l’analyse, jusqu’à ces phénomènes que le citoyen Volta a si heureusement employés
dans le condensateur et dans l’électrophore. La loi rigoureuse des attractions et des répulsions
électriques manquoit encore, elle fut établie par des expériences exactes; et, se liant à celle
du magnétisme, elle se trouva la même que pour les attractions célestes. On sait que le citoyen
COULOMB est l’auteur de cette découverte.

Enfin parurent les phénomènes galvaniques, si singuliers dans leur marche, et si différens
en apparence de tout ce que l’on connoissoit déja. On créa d’abord, pour les expliquer, un
fluide particulier; mais par une suite d’expériences ingénieuses, conduites avec sagacité, le