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Les choses doivent se passer ainsi, en négligeant comme très-petite l’action propre de
l’eau sur les métaux, et supposant:

1.° Que la transmission du fluide, se fait d’un couple à l’autre dans la pile isolée, à travers
les morceaux de carton mouillé qui les séparent, même lorsqu’il n’existe aucune communi-
cation entre les deux extrémités de la colonne;

2.° Que l’excès d’électricité que le zinc prend au cuivre est constant pour ces deux métaux,
soit qu’ils se trouvent dans l’état naturel ou non.

Le citoyen Volta appuie la première proposition par une expérience que nous avons déjà
rapportée, et dans laquelle le condensateur se charge, lorsqu’on touche le plateau collecteur,
recouvert d’un papier humide, avec l’extrémité cuivre, d’une lame métallique dont l’autre
extremité qui est zinc, est tenue entre les doigts.

Quant à la seconde supposition, elle est la plus simple que l’on puisse imaginer; mais il
fàudroit une suite d’expériences très-délicates que nous n’avons pas eu l’occasion de faire,
pour s’assurer jusqu’à quel point elle est conforme à la nature.

Jusqu’ici nous avons supposé, pour fixer les idées, que la pile étoit formée de cuivre et
de zinc: la même théorie s’appliqueroit également à deux métaux quelconques; et les effets
des différens appareils qu’ils serviroient à former dépendroient des différences d’électricité
qui s’établiroient entre eux au moment du contact.

Ce que nous venons de dire s’étend également à tous les autres corps entre lesquels il
existera une action analogue: ainsi, quoique cette action paroisse en géneral très-foible entre
les liquides et les substances métalliques, il en existe pourtant quelques-uns, tels que les sul-
fures alcalins, dont l’action avec les métaux devient très-sensible: aussi les Anglais sont-ils
parvenus à remplacer par ces sulfures un des élémens métalliques de la colonne, et, avant
eux, M. PFAFF les avoit employés à cet usage dans ses expériences.

A cet égard, le citoyen Volta a découvert entre le substances métalliques une relation
très-remarquable, qui rend impossible la construction d’une pile avec ces seules substances.
Nous allons l’exposer d’après lui; mais nous n’avons pas eu l’occasion de la constater.

Si l’on range les métaux dans l’ordre suivant, argent, cuivre, fer, étain, plomb, zinc, chacun
d’eux deviendra positif par le contact avec celui qui le précède, et négatif avec celui qui le
suit: l’électricité passera donc de l’argent au cuivre, du cuivre au fer, du fer à l’étain, et ainsi
de suite.

Maintenant la propriété dont il s’agit consiste en ce que la force motrice de l’argent au
zinc est égale à la somme des forces motrices des métaux qui sont compris entre eux dans la
série: d’où il suit qu’en les mettant en contact dans cet ordre ou dans tel autre que l’on voudra
choisir, les métaux extrêmes seront. toujours dans le même état que s’ils se touchoient immé-
diatement; et par conséquent, en supposant un nombre quelconque d’élémens ainsi disposés,
et dont les extrémites seroient, par exemple, argent et zinc, on auroit le même résultat que si
ces élémens étoient seulement formés de ces deux métaux, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de
effet, ou qu’il sera le même que celui qu’auroit produit un seul élément.

(*) Il paroît jusqu’à présent que la propriété précédente s’étend à tous les corps solides; mais
elle ne subsiste pas entre eux et les liquides: c’est pour cela que l’on réussit à la construction
de la pile par l’intermède de ces derniers. De-là résulte la division que fait Volta des conduc-
teurs en deux classes: la première comprenant le corps solides; la seconde les liquides. On
n’a pu construire encore l’appareil à colonne que par un mélange convenable de ces deux classes;
elle devient impossible avec la première seulement, et l’on ne connoît pas encore assez exacte-
ment l’action mutuelle des corps qui composent la seconde, pour prononcer s’il en est de même
à leur égard. (**)

Nous avons supposé que les cartons mouillés, placés entre les élémens de la pile, étoient
imbibés d’eau pure. Si l’on emploie, au lieu d’eau une dissolution saline, la commotion devient