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trouveront au milieu de la pile: c’est ce que l’on a vu, par exemple, dans le cas de quatre
pièces (1) .

Supposons maintenant que l’on établisse la communication entre la partie inférieure de
la pile et le réservoir commun, il est evident qu’alors la pièce de cuivre inférieure, qui se trouve
électrisée négativement, tendra à reprendre au sol ce qu’elle a perdu; mais son état électrique
ne peut changer sans que celui des pièces supérieures varie, puisque la différence électrique
des unes aux autres doit être toujours la même dans l’état d’équilibre. Il faudra donc que
toutes les quantités négatives de la moitié inférieure de la pile soient neutralisées aux dépens
du réservoir commun; et alors il arrivera,

Que la pièce inférieure, qui est cuivre, aura le degré d’électricité du sol, que nous re-
présenterons par 0;

La seconde pièce, qui est zinc, et qui touche immédiatement la précédente aura + 1;

La troisième, qui est cuivre, et qui est séparée du zinc inférieur par un carton mouillé,
aura comme lui + 1;

La quatrième, qui est zinc, et qui touche la précédente, aura + 2;

Et les quantités d’électricité des divers élémens croîtront ainsi, en suivant une progres-
sion arithmétique.

Alors, si l’on touche d’une main le sommet de la pile, et de l’autre sa base, ces excès de
électricité se déchargeront à travers les organes dans le réservoir commun, et exciteront une
commotion d’autant plus sensible, que cette perte se réparant aux dépens du sol, il doit en
résulter un courant électrique dont la rapidité plus grande dans l’intérieur de la pile que dans
les organes, qui sont des conducteurs imparfaits, permet à la partie intérieure de la pile de
reprendre un degré de tension qui s’approche de celui qu’elle avoit dans l’état d’équilibre (2) .

La communication étant toujours établie avec le réservoir commun, si l’on met le sommet
de la pile en contact avec le plateau supérieur d’un condensateur dont l’inférieur touche le
sol, l’électricité qui se trouvoit à cette extrémité à un très-foible degré de tension, passera dans
le condensateur, la tension peut être regardée comme nulle; mais la pile n’étant pas isolée,
cette perte se réparera aux dépens du réservoir commun: les nouvelles quantités d’électricité
recouvrées par la plaque supérieure passeront dans le condensateur comme les précédentes,
et elles s’y accumuleront enfin de manière qu’en séparant le plateau collecteur, on pourra en
tirer des signes électrométriques très-sensibles, et jusqu’à des étincelles.

Quant à la limite de cette accumulation, il est visible qu’elle dépend de l’épaisseur de la
petite couche de gomme qui sépare les deux plaques du condensateur: car, en vertu de cette
épaisseur, l’électricité accumulée dans le plateau collecteur, ne pouvant agir qu’à distance
sur celle du plateau inférieur, elle est toujours plus considérable que celle qui lui fait équi-
libre dans ce dernier; et de-là résulte dans le plateau collecteur une petite tension qui a ici
pour limite la tension existante à la partie supérieure de la pile.

De même que l’électricité de la colonne s’accumule dans le condensateur, elle s’accu-
mulera dans l’intérieur d’une bouteille de Leyde, dont l’extérieur communiquera avec le ré-
servoir commun; et comme à mesure que la pile se décharge, elle se recharge aux dépens de
ce même réservoir, la bouteille se chargera également, quelle que soit sa capacité; mais sa
tension intérieure ne pourra jamais excéder celle qui a lieu au sommet de la pile: si on retire
alors la bouteille, elle donnera la commotion correspondante à ce degré de tension, et c’est
ce que l’espérience confirme (3) .