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qu’avec l’appareil à pile d’un nombre égal de couples métalliques, à raison
que les couches d’eau (mauvais conducteur) interposées aux métaux dans
chaque tasse se trouveront plus épaisses, que les rondelles de carton ou de
drap mouillé interposées dans l’appareil à pile (Pr. 53). Cependant le degré
d’electricité sera le même. L’ayant donc bien determiné ce degré d’électricité
à l’aide du condensateur à l’ordinnaire, qu’on ajoute à l’eau de chaque tasse
une pincée de sel: la force, ou tension d’électricité ne gagnera rien à cela, ou
presque rien; le Condensateur qu’on lui fera communiquer, marquera encore
le meme degré à l’electrometre, ou à-peu-près; quoique la commotion provo-
quée à l’ordinnaire se fasse sentir incomparablement plus forte.

Pr. 64. La commotion seule est donc un indice trop equivoque du degré
d’électricité, puisqu'elle tient aussi beaucoup à la bonté des conducteurs, au
passage plus ou moins libre qu’ils offrent|prêtent au courant électrique, comme nous
avons dejà dit (Pr. 62), et comme mille autres experiences le prouvent. C’est
en jugeant simplement par le degré de la commotion, de celui de l’action
qu’on appelloit improprement galvanique, puisqu’elle est, je dois le repeter
encore, une veritable et simple action Electrique, et remarquant que cette
commotion étoit plus forte suivant que la substance humide appliquée aux
differents métaux etoit saline, et de nature à les attaquer, et suivant que ces
métaux étoient plus oxidables, ou que l’un l’étoit plus que l’autre; c’est par-là,
qu’on a attribué à ce contact du corps humide avec les métaux de differente
espece, et à cette action chimique les phénomenes du dit Galvanisme; qu’on
s’est égaré, et qu’on a donné dans des opiniones etranges, comme d’imaginer
pour cause de ces phénomenes un agent, ou fluide galvanique particulier
different de l’électrique, ou au moins une modification particuliere de ce
dernier, qu’on pourroit appeller electro-galvanique.

Mes anciennes expériences sur l’électricité proprement metallique au-
roient pourtant retenir les Physiciens dans le bon chemin, que j’ai heureu-
sement suivi; mais elles étoient peu connues, quoique publiées dans les jour-
naux que j’ai cité plus d’une fois dans ce Memoire. Maintenant que je les ai
fait mieux connoitre, et que j’y en ai ajouté tant d’autres rapportées en grande
partie dans ce meme ecrit, j’ai lieu à esperer que toutes ces expériences electro-
metriques accompagnées des éclaircissements que j’ai cru necessaire de donner
suffiront pour ramener au vrai principe quiconque s’en étoit éloigné, et pour
faire reconnoitre a tout vrai Physicien que le fluide mis en jeu soit dans les
anciennes experiences galvaniques simples, soit dans celles qu’on fait au-
jourd’hui avec mes nouveaux appareils composés, est le pur et simple fluide
electrique, qui mu par le simple contact mutuel des conducteurs differents,
sur-tout metalliques, suit pour le reste les lois connues de l’electricité.