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mettent une grande difference dans la liberté du mouvement du fluide elec-
trique.

Pr. 59. Au reste ces memes liqueurs salines, qui attaquent les metaux,
sont par leur propre nature des Conducteurs, je ne dirai pas parfaits, car il
s’en faut de beaucoup, mais bien moins imparfaits que l’eau simple, comme
il est aisé de verifier|s’en convaincre par mille expériences. Je ne rapporterai pas
ici celles, que j’ai faites autres fois en grand nombre avec des appareils
qui me sont propres, dans la vue de determiner avec quelque precision la
differente conducibilité, ou pour mieux dire les degrés de cohibence de plu-
sieurs liquides; expériences qui m’ont montré, que les differentes dissolutions
salines, les liqueurs acides, les alcalines, sont 10, 20, 30 fois, etc. moins cohi-
bentes ou plus conductrices que l’eau simple; et m’ont presentés des resultats
assez curieux. Un tel rapport seroit trop long. Je me contenterai donc de pro-
poser qu’on repete seulement les experiences decrites ci-dessus (Pr. 55) de
decharger une bouteille de Leyde avec un arc conducteur metallique pour la
plus grande partie, mais interpolé par une, ou plusieurs couches humides.
L’eclat et le bruit de l’étincelle excitée par cette decharge, seront, comme
on a vu, beaucoup moins forts, que si l’arc etoit tout entier metallique; l’étin-
celle, dis-je, sera beaucoup moins eclatente, et plus sourde ces couches hu-
mides etant de l’eau pure: mais lorsque ce sera de l’eau chargée de quelque
sel, ou une liqueur acide, ou alcaline, l’éclat et le bruit de l’étincelle se mon-
treront incomparablement plus forts, et s’approcheront de ceux qu’on obtient
en excitant la decharge avec un arc tout metallique. Aussi pourra-t-on éprouver
la commotion en faisant passer la decharge de la bouteille par un tube de
verre d’une ligne seulement de diametre rempli de quelqu’une de ces liqueurs
salines, qu’on n’eprouveroit pas en traduisant cette meme decharge par un
tube du double, ou du triple plus gros rempli d’eau pure (Pr. 52).

Pr. 60. Ainsi donc les couches humides interposées aux couples métal-
liques dans mon appareil, étant une dissolution saline, retardent beaucoup
moins le courant du fluide electrique mu par le contact mutuel des métaux
differents, dont est composé chaque couple; retardent, dis-je, ce courant
électrique beaucoup moins que si elles étoient de l’eau pure, par deux raisons;
et parceque ces humeurs salines contractent une plus etroite union avec le
metal qu’elles attaquent, de maniere à former comme un corps continu avec
lui (Pr. 58); et parcequ’en qualité de meilleurs conducteurs, elles offrent au
fluide électrique un plus libre passage à travers leur propre substance (Pr. 59).

Pr. 61. Voila pourquoi avec un égal nombre de ces couples métalliques
on a des commotions incomparablement plus fortes lorsque les couches hu-
mides, au lieu d’être de l’eau simple, sont de la saumure, ou mieux une dis-
solution de sel ammoniac, d’alun, etc. Ce n’est pas que l’action galvanique,