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trouveront plus nombreuses. Il en sera de même de la secousse d’une bonne
pile active: cette secousse, qu’on sentiroit forte dans tout le bras en la pro-
voquant avec une simple lame métallique empoignée d’une main, tandis
qu’avec l’autre main on complete convenablement le cercle, ne sera que
foible, et beaucoup moins étendüe, si au lieu d’une lame metallique d’une piece
on la provoque avec la dite pile, ou si celle-ci entre de quelque autre maniere
dans le cercle.

Pr. 56. Je ne dois pas laisser de faire observer que les couches humides
interposées aux métaux sont autant d’obstacles qui retardent le courant
électrique, non seulement par l’imperfection de leur permeabilité, ou faculté
conductrice; mais aussi per le defaut de contact avec les métaux, auquels
ces humides se trouvent appliqués; car quelqu’exacte que paroisse cette
application, les deux corps ne sont jamais portés à un contact intime et
d’union, tel qu’il le faudroit pour que le fluide electrique n’éprouvât la moindre
resistance au passage de l’un dans l’autre. L’experience demontre qu’il en
éprouve même en passant d’un metal dans un autre appliques à un contact
qui paroit immediat et reel, mais qui ne l’est surement pas: cette resistance
est à la veritè d’autant moindre qu’ils se trouvent plus serres ensemble, mais
jamais nulle; comme dans les chaînes metalliques, qui quelque tendües qu’elles
soient ne laissent jamais passer le fluide electrique aussi librement qu’un
metal continu.

Ainsi un tas de monnoyes par ex. quelques pressées qu’elles se trouvent,
n’est pas si aisément permeable qu’il le seroit, si ces monnoyes étoient soudées
ensemble, ou que l’est une verge metallique d’une seule piece.

Pr. 57. Concluons, que les couches humides interposees aux plaques
metalliques dans mes appareils electro-moteurs opposent donc un double
obstacle au libre courant du fluide electrique; savoir, et par le contact entre
les deux substances, qui n’est jamais assez parfait, comme on vient d’observer,
et par la nature de l’humide lui-même, qui n’est pas assez bon conducteur,
comme un grand nombre d’expériences l’attestent.

Pr. 58. On peut jusqu’à un certain point remedier à tous ces defauts.
Et premierement quant à l’imperfection du contact, on la diminue beaucoup
en substituant à l’eau pure de l’eau salée, ou d’autres liquides, qui attaquent
le metal par une action chimique. On comprend aisément, que par une telle
action l’humeur serre bien étroitement sur le metal meme, qu’elle contracte
avec lui une liaison étroite, et on peut dire une union intime, qui forme de
deux si non un seul corps, un corps continu. Il en est à-peu-près du liquide
qui attaque le métal comparé à l’eau pure, ou à d’autres humeurs, qui s’y
appliquent simplement sans l’attaquer, comme des pieces metalliques soudées,
ou bien fondues en partie ensemble, comparées aux memes pieces posées
simplement les unes sur les autres; ces differentes manieres d’application