88
lignes de large, et n’est pas trop long; une considerablement plus forte s’il
en a 4 ou 6; et presque entiere secousse, s’il a un pouce de largeur, ou da-
vantage; toujours moins pourtant, que si au lieu de ces conducteurs humides
se trouvoit un fil métallique, même fort mince.

Pr. 54. Encore quelque large que soit une couche d’eau, oppose-t-elle
une resistence considerable au courant électrique, si celui-ci est assez fort,
ou bien abondant. Et ne voit-on pas que l’étincelle eclate à travers l’eau entre
deux metaux qui y plongent à peu de distance? Cela veut dire que l’eau in-
termediaire n’etant pas assez permeable au courant electrique en est deplacée,
ou bien rompue et dechirée, comme il lui arrive par les fortes decharges qui
en developpent des bulles d’air, et la decomposent dans ses deux principes,
suivant les belles expériences, des Physiciens Hollandois PAETS-VAN TROOST-
WICH, et DEIMAN. Lorsque les métaux plonges dans l’eau s’y trouvant trop
éloignés, le courant électrique produit par la decharge d’une bouteille de
Leyde ne peut pas rompre la couche d’eau interposée, et se trouve obligé
de la traverser, s’y filtrant pour ainsi dire, on connoit qu’il est beaucoup
géné à ce passage, et que cette decharge se fait avec peine, par le moindre
eclat, et le peu de bruit de l’étincelle, que le crochet de la bouteille lance sur
le bouton de l’arc conducteur, bruit sourd et trainant au lieu de l’étincelle
vive et sonore instantanée qui eclate lorsque l’arc conducteur est entierement
metallique, sans l’interposition de la couche d’eau.

Pr. 55. En portant maintenant nos observations sur les appareils à pile,
et à couronne de tasses on peut aisément se faire une idée de la resistance,
et du retard, que doivent apporter au courant électrique mu par le contact
mutuel des métaux differents, qui composent ces appareils, les couches hu-
mides interposées à chaque couple de ces métaux. Mais il est bon de s’en
convaincre, et d’evaluer en quelque maniere cette resistance, et ce retard
par quelque expérience directe. Qu’on construise une de ces piles, ou appareils
à tasses, mais avec des pieces d’un seul metal: il n’aura aucune [1] action elec-
tromotrice; il ne sera qu’une expece de chaine conductrice beaucoup moins
bonne qu’une purement metallique, à cause de l’interposition des couches
humides. Cela fait qu’on essaye de decharger une grande bouteille de Leyde
chargée foiblement, au point par ex. qu’elle pourroit donner une mediocre
commotion jusqu’aux coudes en faisant arc conducteur avec un metal et
les deux bras sans l’intervention d’aucune autre substance humide, qu’on
essaye de decharger cette bouteille en faisant entrer dans l’arc conducteur
une telle pile, ou appareil à tasses, on n'éprouvera qu’une commotion beaucoup
plus foible, qui ne s’etendra tout au plus qu’au poignet; et d’autant plus foible,
que ces appareils seront plus grands, c. à d. que les couches humides, s’y