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Pr. On doit donc le comparer, mieux qu’à une decharge électrique
quelconque, à cette électricité qui coule plus ou moins en abbondance, paisi-
blement, et sans interruption du premier Conducteur de la machine au Con-
ducteur du Coussin, avec lequel il communique, retourne au premier Con-
ducteur, ec. continuant de circuler tant qu’on entretient le jeu de la machine:
comparaison indiquée au commencement de cet écrit (Pr. ).

Pr. Oui, le courant mis en train par le simple contact des métaux
dans un cercle complet de conducteurs n’est pas moins abbondant que celui
suscité et entretenu par une Machine électrique qui joue passablement bien
dans une suite de conducteurs qui ne peuvent l’arreter; et il n'est pas moins
continuel.

Pr. Quelque paradoxe au reste que puisse paroitre cette circulation
continuelle de fluide électrique dans des conducteurs communiquants et en
repos, en vertu d’un simple contact de deux métaux différents, elle est demon-
trée par des preuves de fait et au surplus il ne me serait pas difficile d’expliquer
d’une maniere passablement satisfaisante, de même que le principe, cette
merveilleuse continuation de mouvement du dit fluide. Mais je ne veux pas
à present aller plus loin dans ces recherches. Je me contenterai donc de dire,
que de la même maniere que la circulation du fluide électrique produite par le
frottement continue dans les circonstances indiquées tant que le frottement
est, lui-même continué; la circulation produite par le simple contact des mé-
taux differents se soutient aussi, tant que ce contact dure et que le cercle con-
ducteur n’est point interrompu. En effet si l’action du frottement se reduit
à celle du contact, comme jeconçois (Pr. ) pourquoi l’action qu’exerce le simple
contact continué ne seroit-elle pas aussi durable que celle qu’exerce le frot-
tement continué?

Pr. Pour ceux qui douteroient non pas seulement de la raison mais
du fait, laissant à part mille autres expériences, je leur rappellerai celles de la
saveur excitée sur le bout de la langue lorsqu’elle fait partie d’un cercle con-
ducteur, dans le quel deux métaux differents, par ex. Argent et Etain, ou mieux
Argent et Zinc sont portés à un contact mutuel. N’eprouve-t-on pas que la
sensation d’abord petite augmente à mesure qu'un tel contact dure, et que
le cercle, n'est nulle part interrompu? Il en est de même en faisant l’experience
sur l’œil, sur-tout en lui appliquant immediatement le piece d’étain ou de zinc
et en l’appliquant vers son angle interne, près de la glande lacrymale: il s’y
excite peu-à-peu une sensation douloureuse, une cuisson, qui en continuant
l’experience plus d’une minute devient insupportable, Cette augmentation
de sensation indique assez que l'action stimulante et en conséquence le courant
électrique qui la produit, est subsistant et durable; autrement elle s’affoibli-
roit plûtôt, que d’augmenter comme elle s’affoiblit en effet, lorsqu'on in-
terrompt le cercle.