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par le moindre intervalle ou interruption dans l’arc conducteur, et, si non ar-
retée, au moins retardée beaucoup par l’interposition d’un papier fin et un peu
sec, ec., qui en un mot a une tension insensible, pour former, dis-je, une telle
miserable charge il faut une quantité de fluide électrique non moins grande que
celle qui produit une tension bien remarquable dans un simple conducteur
de mediocre capacité, qui affecte très-sensiblement les Electrometres, et se
decharge à la distance de plusieurs lignes avec une vive étincelle. Cette quantité
assez considerable de fluide électrique, qui reçu dans une grande bouteille de
Leyde ou dans une Batterie y forme une charge si foible, qu’elle ne sauroit
donner aucun signe à 1’Electrometre le plus sensible, ni franchir pour se dechar-
ger le moindre intervalle, la plus petite interruption dans l’arc conducteur,
moins se manifester par une étincelle, est pourtant capable de secouer une gre-
nouille, même non parfaitement preparée, même entiere, qui fasse partie de
l’arc non interrompu, d’exciter la lumiere dans l’œil, ec..

Pr. Or tout cela a lieu egalement à l’égard du courant électrique
occasionné par le simple contact de deux métaux différents dans les circon-
stances decrites: ce courant ne donne ni étincelle, ni aucun signe à l’Electro-
metre; il n’a pas la force ou tension de vainere la moindre interruption, qui
se trouve dans le cercle; et cependant il est assez puissant pour exciter des fortes
convulsions dans la grenouille même non preparée, des sensations de saveur
sur la langue, de lumiere dans l’œil, ec.. Il faut donc croire que la quantité
de fluide qui forme ce courant, et qui fait en très-peu de tems tout le tour, est
encore ici considerable, non moindre que celle qui dans un tems egalement
court parcourt l’arc conducteur dans l’autre expérience de la Bouteille de
Leyde ou Batterie chargée a 1/100 ou 1/1000 de degré: une quantité de fluide
électrique qui n'est pas, je le repete, si petite, comme on auroit pu croire; mais
animée, dans un cas comme dans l’autre, d’une très-petite tension; d’ou re-
sulte un effet encore sensible sur certaines parties animales, qui sont des Elec-
trometres d’une nouvelle espece, et d’une prodigieuse sensibilité.

Pr. Le courant électrique excité par le contact de métaux differents
dans un cercle non interrompu de conducteurs, est donc egal à celui que pro-
duit la decharge d’une très grande bouteille de Leyde chargée très-foiblement,
tant pour la quantité mediocrement, grande de fluide qui fait le tour dans un
tems fort court, que pour la très-petit tension, ou force avec la quelle ce fluide
est poussé; avec tout cela il y a une difference bien remarquable; et c’est
que le courant produit dans l’arc conducteur par la decharge de Leyde est
momentané, ou ne dure que quelques instants; tandis que le courant excité
dans le cercle complet formé de conducteurs humides et de métaux différents,
par l’action que ceux-ci deployent, dans les points de leur contact mutuel, est
un courant qui continue sans cesse tant que le dit, cercle n’est point inter-
rompu, ec..