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J 43.

[1] Pr. Une autre difficulté qui merite consideration est celle-ci.
Quoique une petite électricité suffise pour exciter les contractions musculaires
ec., et une très-petite pour les exciter dans une grenouille preparée, lorsque cette
électricité se trouvant accumulée dans un Conducteur se decharge tout-à-coup,
et traverse en un instant les muscles ou nerfs excitables; il est encore bien
loin, qu'un Conducteur de mediocre capacité et electrisé si foiblement, qu’il ne
donne aucun signe à l’Electromètres très-sensible de BENNET, puisse produire
un tel effet: il faut une électricité au moins de 4, 6, 10 degrés de cet Electro-
metre, d'1. 2. degrés de celui à pailles, ec.. Que s’il s’agit d’une électricité qui
ne s'accumule, qui ne Se decharge point tout d’un coup, ou par saut, mais qui
coule par un courant continuel dans une suite de conducteurs entre les quels
la grenouille se trouve comprise, si par ex. celle-ci est interposée au premier
conducteur de la machine électrique, et à un second qui communique avec les
conducteurs des coussins, ou avec le plancher, il faut pour exciter les convul-
sions que le courant électrique soit assez riche, que la machine fournisse abbon-
damment. D’après ces épreuves avec l’électricité ordinnaire des machines et des
conducteurs, on ne sçauroit concevoir comment le petit et foible courant que
les simple contact de deux metaux peut occasionner, soit capable d’exciter
vivement les muscles et les nerfs, de secouer la grenouille, même non pre-
parée, de produire les sensations de saveur, ec..

Pr. Je reponds à cette difficulté: que quoique la tension electrique soit
très-petite, ce n’est vraisemblablement pas une si petite quantité de fluide,
comme on pourroit penser, qui passe d’un metal à l’autre, de l’argent à l’étain, ec.
en vertu de leur contact mutuel qui se fait soit en un grand soit en un petit
nombre de points, et forme le courant, lorsque par l’interposition d’autre con-
ducteurs humides le cercle est complet, et le mouvement du fluide électrique
est par tout assez libre. C’est une quantité assez considerable, comme j’ai
déja indiqué (Pr. ) qu’il y a lieu de presumer, quantité non moindre que
celle qui se decharge d’une bouteille de Leyde fort grande, ou d’une Batterie
chargée à l/l00, ou l/1000de degré.

Pr. On sçait que pour former une telle charge, qui ne donne ni étincelle,
ni le moindre signe au plus sensible Electrometre, qui est arretée absolument