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connue des athmospheres électriques, et partieulierement des principes de
la charge des surfaces isolantes. On sçait que le fuide électrique accumulé ou
raréfié dans un endroit s’efforce d’en chasser des endroits voisins, ou d’y en
attirer, pour établir une sorte de compensation. Non seulement donc une sur-
face isolante électrisée tend à procurer une électricité contraire à la surface
opposée; mais une partie d’une surface en fait autant à l’égard d’une autre
partie de la même surface. C’est ainsi qu’en imprimant l’électricité en plus
sur la demie longueur d’un cilindre de verre, ou de cire d’espagne, ce fluide
accumulé repousse le fluide naturel de l’autre partie, le refoule vers l’extremité
opposée, que cette partie tend à s’en decharger, à acquerir enfin l’électricité
en moins, et l’acquiert en effet si elle trouve des conducteurs, dans lesquels
elle puisse faire passer de son fluide. On peut même produire plusieurs zones
alternativement positives et negatives; mais il est plus aisé d’en produire deux
seules dans un cilindre isolant assez court garni de metal aux deux bouts.

Pr. 33. Or donc voila le cas, se tronvent justement les disques de mon
Duplicateur portés chacun par un bras isolant d’un pouce à-peu-près de lon-
gueur (Pr. 17). On conçoit que l’électricité de l’un ou de l’autre de ces disques,
pour peu qu’elle soit forte et soutenue, et la surface du bras isolant en quelque
façon imparfaite, peut s’écouler doucement, et se repandre sur une partie
de cette surface, et jusques vers la moitié de la longueur du dit bras, ou même
l’outrepasser; et que la partie au delà de cette limite peut acquerir un peu
d‘électricité contraire à l’aide du metal qui se trouve à cette autre estremité.
Qu'arrivera-t-il donc lorsqu’ou viendra à détruire par des attouchements
l'électricité du disque? Celle debordée du disque, et repandue sur la surface
isolante voisine rentrera peu-à-peu tant que durent ces attouchements dans
ce même disque; comme j’ai déja expliqué (Pr. 28. et suiv.): elle y rentrera
pour la premiere, et si ce disque communique avec la terre, se perdra a mesure ;
en suite il en surviendra aussi un peu de la contraire, qui, quoique, plus éloi-
gnée (moins pourtant d’1. pouce), et plus foible , gagnera de proche en proche
cette même surface depouillée et voisine du disque, et le disque lui même:
un peu, dis-je, de cette électricité contraire déja bien foible se tournera vers
le disque, et y parviendra pendant le tems même qu'on fait jouer le Duplicateur,
c. à. d. que le disque mobile tourne. Il y en parviendra une tres-petite quantité
à la vérité, mais pourtant assez pour être rendue sensible moyennant un nombre
plus ou moins grand de tours.

Pr. 34. Souvent il n’y en parviendra pas assez, et même point du tout
de cette électricité contraire, ou parceque il n'y en aura pas, ou parceque le
peu qu’il y en aura à l’extremité éloignée du bras isolant ne pourra gueres
parcourir l’intervalle entre elle et le disque. Cela dépend de la longueur de
chacun de ces bras isolants, de l'état de l’isolement plus ou moins parfait, de
la force à la quelle on aura fait monter l’électricité dans les disques, de sa durée,
et d'autres circonstances, qu’il n’est pas aisé de determiner.