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Pr. 28. Voila donc ce qui arrive à notre petite machine. Lorsque l’électri-
cité a été élevée à une certaine force dans les disques, et qu’elle a joué quelque
tems il en deborde une portion, qui glisse et s’épanche comme elle peut sur la
surface des bras isolants, au moins sur la partie de cette surface plus proche
de ces disques électrisés; il s’en ecoule une portion plus ou moins considerable,
qui s’étend et s’imprime plus ou moins avant, selon que la cohibence de la dite
surface, qui n’est jamais parfaite et absolue, le permet. Vient-on à toucher
avec des bons conducteurs non isolés ces mêmes disques pour les dépouiller
de leurs électricités? Ils s’en laissent effectivement priver en quelques instants
comme on peut croire; il n’en retiennent peut-être pas la moindre parcelle;
mais il n’en est pas de même à l’égard de la surface isolante, qui en a participè;
les points de cette surface qui ont été imbus d’une portion de la même électri-
cité ne la lâchent pas si aisément, leur cohibence fait qu’elle y demeure attachée
avec une certaine tenacité, et ne reflue dans les disques, d’où elles s’étoit,
ecoulée, qu’avec difficulté, et assez lentement.

Il faut donc plusieurs minutes, et quelques fois des heures avant qu’une
telle électricité empreinte sur une plus ou moins grande partie des dites sur-
faces isolantes soit dissipée entierement; quand même les attouchements des
disques, et leurs communications avec le pavé, seroient les meilleurs (Pr. 24),
et continueroient tout ce tems. Que si on les laisse isolés ces disques après un
seul contact momentané, ou prolonge seulement pour quelques instants,
l’électricité dont il s’agit pourra durer des jours.

Or tant qu’il en reste une portion quelconque dans les bras isolants, ce
residu ne cessant pas d‘être attire et sollicité vers les disques portés par les
dits bras, voila qu’il y en entre un tant soit peu pendant même que la machine
est mise en jeu, c. à. d. durant tout le tems qu’on fait tourner le disque mobile;
et que ce tant soit peu, cette dose quelque petite qu’elle soit, acquirant les
augmentations qu’un tel jeu du Condensateur occasionne, devient une électri-
cité sensible au bout de 30, 40, tours, ec..

Pr. 29. Si l’électricité que retiennent les surfaces des bras isolants après
que leurs disques ont été touchés et retouchés et qu’ils ont restés en commu-
nication avec le plancher assez long tems, est, extremement foible, comme on
vient de voir; celle au contraire qui subsiste, et y demeure empreinte peu après
en avoir depouillé par des contacts et communications de peu des durée ces
mêmes disques (dans lesquels on l’avoit élevée à un fort dégré, et fait jouer
long-tems) est, quelquesfois si considérable, qu’une autre électricité, communi-
quée à l’un ou à l’autre de ces disques moyennant une bouteille de Leyde, on
autrement, une électricité contraire, dis-je, forte d' 1/2 et même d’1 degré,
au lieu de prendre des augmentations à mesure qu’on fait tourner le disque
mobile, diminue visiblement, disparoit et donne lieu enfin à l’ancienne électri-
cité d’espece contraire.