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à un repos de plusieures heures, ils me donnent, encore des signes au point,
d’élever l’électrometre à pailles à-peu-près à 4. dégrés, sitôt que je fais faire
au disque mobile environ 40. tours, comme il arrive ordinairement qu’un tel
nombre de tours suffise (Pr. 22. et prec.). Que s’il en faut, 50, 55, ou 60: comme
il arrive aussi quelques fois, soit après un plus long repos, soit à la suite d’at-
touchements plus étendus, et continués plus long-tems avec les meilleurs
conducteurs, il faudra croire, que l’électricité en question fût au dessous
d'1/1000 de degré, qu’elle n’arrivât peut-être pas à 1/4000 à 1/8000 ou à 1/10000;
qu’elle fût bien petite et plus qu’imperceptible; toûjours pourtant quelque
chose capable toutefois de devenir sensible à l’aide du Duplicateur. Quel
instrument donc que ce Duplicateur qui nous met à même de découvrir,
et d’évaluer en quelque maniere une quantité d’électricité si extremement
petite !

Pr. 27. Cette difficulté, ce retard que presentent les disques métalliques
de notre Condensateur, à se laisser depouiller de l’électricité une fois acquise,
ne depend pas pour la plus grande partie du métal lui-même; lequel au con-
traire comme conducteur à-peu-près parfait, on peut croire, qu’il perde effecti-
vement par des attouchements même passagers de tout conducteur aussi
parfait, et de la même espece (on verra pourquoi je dis de la même espece),
qu’il perde, dis-je, toute l’électricité, soit positive, soit négative qu’il possedoit ;
mais il dépend singulierement du corps cohibent qui isole chacun de ces disques,
à la surface du quel corps avoit passé, et s’y étoit attaché on imprimé en cer-
taine maniere une partie de l’électricité du disque même. Cette électricité
donc dont les disques ont été précédemment imbus, ou pour mieux dire la
partie de cette électricité qu’ils ont laissé échapper et deborder aux limites
de leur isolement, et qui a pu glisser plus ou moins avant sur la surface cohi-
bente du verre ou de la resine, qui forme cet isolement (Pr. 17), cette électri-
cité qui s’y est imprimée, et a de la peine à se détacher, est celle qui refluant
peu-à-peu dans les mêmes disques, y fait paroitre pour si long tems des residus.
La chose est très-naturelle, et facile à concevoir. Mais en vent-on des preuves
directes? Qu’on électrise fortement, ou médiocrement une verge, ou une lame
métallique montée (de même que les disques du Condensateur) sur un pied
isolant, et qu’on la depouille aussitôt, ou miens quelque tems après, par des
semblables attouchements des doigt ec. de cette électricité, au point qu’elle
ne donne plus aucun signe à l’electroscope; cela fait, on n’a qu’attendre quelques
minutes, et elle en donnera des plus ou moins foibles: ce qui fera voir evidem-
ment le retour à sa place de cette électricité, qui s’écoulant du conducteur
métallique s’étoit repandüe de proche en proche sur la surface isolante et y
avoit été resté empreinte. Otez ce peu d’électricité rentrée avec peine et len-
tement dans le conducteur; et il y reparoitra un autre petit peu au bout de
quelques autres minutes; et ainsi de suite, jusqu’à ce que les residus toujours
plus petits deviennent tout-à-fait insensibles.