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électrique à d’autres corps conducteurs, dans le temps que chacun en possede
sa dose naturelle, et qu’il s’y trouve en équilibre, tendance d’ailleurs diffé-
rente dans les différents métaux, comme nous devons la supposer? D'
vient donc que cet équilibre est troublé pas le seul contact, sans le moindre
frottement? Je dis sans le moindre frottement; et c’est ce qui doit sur-
prendre: car l'efficacité de ce moyen pour rompre un tel équilibre, et de faire
passer le fluide électrique d’un corps à un autre, est une chose depuis longtemps
connue. C’est-à-dire le fait est connu, mais nullement la cause, laquelle meritoit
bien d'être étudiée plus qu’on n’a fait jusqu’ici. Mais c’est justement parce
que le fait est trop commun, qu’on ne s’est pas beaucoup soucié d’en appro-
fondir la cause.

Nous ne connaissons donc que l’effet, c-à-d. l’addition ou entassement
de fluide électrique sur une des surfaces frottantes aux depens de l’autre (en
quoi consiste l’électrisation des corps par frottement) et plusieurs circonstances
qui modifient cet effet: entre autres qu’il depend surtout de la nature et qualité
du corps employé à frotter tel ou tel autre corps, que celui-ci donne ou reçoive
par l’acte du frottement du fluide électrique. Cela depend aussi des surfaces
rudes ou polies, de la quantité relative de frottement, de chaleur, et d’autres
circonstances, qui toutes peuvent faire changer les effets du blanc au noir;
de sorte qu’il n’y a rien de si difficile quelquesfois, que de prévoir lequel des
deux corps qui se frottent deviendra électrisé en plus, lequel en moins: mais
il est toujours vrai en général, que plus que ces circonstances accidentelles
la nature même et la qualité de ces corps influe à déterminer la chose. Or,
pour nous rapprocher de notre cas, les experiences avoient déjà appris aux
Physiciens, que les métaux mêmes différent beaucoup entr’eux à cet égard;
les uns étant plus disposes à donner que les autres, de sorte qu’un ruban de
soye, une Plaque de resine, un bois seché au four, un papier ec., qui frottés
par une lame d’or ou d’argent. s’électrisent en plus, frottés par une lame d’étain
ou de plomb s’électrisent en moins.

Cette différente disposition des métaux une fois établie, il est moins diffi-
cile de comprendre que, même sans frottement, une semblable rupture d’equi-
libre et accumulation du fluide électrique dans l’un corps aux depens de l’autre
puisse avoir lieu, savoir par le simple contact et application des dits métaux
à des conducteurs imparfaits; d’autant plus qu’on peut censer, que le frot-
tement lui-même ne détermine un tel transport de fluide, qu’en tant qu’il
procure un contact plus exact et plus multiplié des particules d’un corps avec
celles de l’autre: on peut, dis-je censer, que ce qui arrive au fluide électrique
ne soit qu’en vertu du contact des surfaces, par quelque changement que ce
contact apporte aux forces mutuelles d’attraction entre les particules et le
fluide, ou à l’élasticité de celui-ci ec. Ce qui est sûr est, qu’il n'y a pas besoin
d’un frottement proprement. dit; qu’une percussion ou pression quelconque