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d’étain sur l’eau, la traverse, et arrive à la pointe de la langue, y penetre et
passe par elle jusqu’à l’endroit qui touche à la lame d’argent, laquelle le reçoit
pour le transmettre de nouveau à la lame d’étain ec.. Il est presque inutile
de faire remarquer que si on fait l’expérience inversement, c-à-d. avec la lame
d’argent plongée dans l’eau, et celle d'étain appliquée au plat de la langue, le
bout de la langue trempé dans la même eau sent, non pas la saveur acide mais
l’autre acre et brulante, foible pourtant, ou il ne sent rien, si les deux métaux
employés ne sont pas les meilleurs pour ces sortes d'expériences. Encore ici
donc il est beaucoup plus aisé d’exciter la saveur acide que l’alcaline.

Pour procéder d’une autre maniere, je plonge dans une jarre d’eau une lame
d’étain, et une d’argent separée de l’autre et qui débordent le vase, et ayant
appliqué à la langue deux spatules, ou cuillers d’argent, une sur son plat,
l’autre contre sa pointe, je fais toucher la premiere à la lame d’étain, et la se-
conde à la lame d’argent: tant qu’un seul de ces contacts entre les métaux a
lieu, nulle sensation; mais si tôt que tous les deux s’accomplissent, la saveur
acide se fait sentir à la pointe de la langue, qu’une de ces cuillers presse. Or
cela n’est pas surement l’effet immediat des deux armures appliquées à la
langue, puis qu’elles sont l’une et l’autre d’argent et tout-à-fait semblables,
et que de telles armures égales sont absolument impuissantes, comme j’ai
déjà expliqué, et comme on peut prouver, qu'en effet elles ne produisent rien,
si on se contente de les faire simplement communiquer entre elles. L’impulsion
au fluide électrique qui le détermine à circuler vient donc dans l’expérience
dont il s’agit, des autres lames, qui touchent l’eau: c-à-d. il coule de la lame
d’étain dans l’eau, passe à la lame d’argent qui s’y trouve également plongée,
de celle-ci dans la cuiller, appuyée à la pointe de la langue ecc.

J’ai fait souvent une expérience égale appliquant la lame d’étain, et la
lame d’argent à un drap ou à un carton mouillés, et le succès fut toujours le
même, seulement la sensation était plus foible à mesure que ces corps se trou-
voient moins imbibés d’eau, et nulle, s’ils n’étoient point mouillés, mais seu-
lement humides.

Encore un mot sur la saveur excitée dans la langue par le contact de deux
métaux. Le moyen le plus aisé de sentir cette saveur est d’appliquer une pe-
tite bande de feuille d’étain à travers d’une lame d’argent par ex. d’une mon-
noye, et de porter le bout de la langue sur le confin des deux métaux. On est
surpris de ne sentir rien ou presque rien en touchant du bout de la langue
soit l’argent, soit l’étain seul, jusqu’à, ce qu’arrivé à les toucher tous les deux
ensemble, on sent justement dans ces points d’union une très-forte acidité
(car des deux saveurs l’acide l’emporte dans cette expérience). Et ne doit-on
pas repeter d’une semblable cause l’espece de saveur piquante qu’on trouve
à l’eau, et celle qui releve le goût de la bierre ecc. en buvant ces liqueurs dans