125

Une chose pourtant qui merite la. plus grande consideration c’est que
quoique tous les membres soient pourvus de nerfs, il n’y a néanmoins que ceux
qui sont sujets à l’empire de la volonté, les muscles des mouvements spontanés,
qui présentent les phénomenes decrits, les contractions ec. par l’action du
fluide électrique transmis d’un endroit à l’autre : au moins je n’ai rien pu obtenir
des muscles du ventricule, des intestins, ni du coeur même, qui jouissent
pourtant, le dernier sur-tout., d’une grande irritabilité, pas même lorsqu’ils
se montroient encore pleins de vie et qu’ils se ressentoient à tout autre sti-
mulant physique ou chymique, je n’ai rien pu obtenir, dis-je, par les artifices
électriques decrits ni du cœur, ni des intestins ec. tandisque tous les muscles
erecteurs et flexeurs des membres, et la plupart de ceux du dos, de la poitrine,
du ventre en un mot tous ceux qui obéissent à la volonté ne manquent pas de
se prêter aux épreuves dont il s’agit long-tems même aprés que les stimulants
physiques et chymiques n'y produisent plus rien. Ayant essayé dans cette
vüe les muscles du diaphragme j’en ai obtenu les effets, comme je m’attendois
eu égard que ces mouvements sont aussi volontaires. Ainsi il ne paroit plus
rester de doute sur ce point.

Or si le fluide Electrique ne peut par ce leger mouvement, que l’appli-
cation des armures métalliques lui occasionne, exciter les contractions ec.
que dans les muscles sujets à la volonté, et reciproquement; ne peut-on pas
conclure, que ce n’est pas autrement que la volonté elle-même produit des
semblables contractions, savoir par un mouvementpareil qu’elle sçait imprimer
au fluide électrique? S’est-on pas fondé à croire, que c’est par son ministere
que l’ame agit, comme j’ai déjà avancé, et que le dit fluide n’affecte pas di-
rectement les muscles, mais les nerfs, lesquels excités par lui, qui est leur sti-
mulant approprié, agissent à leur tour sur les premiers, comme j’ai montré
par expérience? Je me borne à cela; puisque la maniere de cette communi-
cation ou passage d’une action à l’autre est encore obscure, comme j’ai déjà
avoué; on ne connoit, nullement comment s’exerce cette puissance des nerfs
pour produire la. contraction des muscles; il est pourtant sûr, et mes expé-
riences suffiroient seules à le prouver, que ces mouvements des muscles volon-
taires viennent de l’action des nerfs sur eux; et il est plus que probable que
l’agent, l’excitateur de ces nerfs commandés par la volonté, est en tout cas
le même, savoir le fluide électrique, auquel nous voyons operer avec tant de
facilité les mêmes effets.

Pour ce qui est des autres muscles, les mouvements desquels ne dependent
point de la volonté, et ne peuvent non plus être excités par le doux écoulement
du fluide électrique occasionné par les armures ec. on peut croire que de
semblables mouvements non volontaires, comme celui du cœur et le mou-
vement vermiculaire des intestins, ne s’executent point au moyen des nerfs,
mais par un autre mechanisme quelconque; que par conséquent, les nerfs dont