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qui ont la peau moins fine et plus seche, lezards, salamandres, serpents, ecc.
Pour les oiseaux, les souris et autres petits quadrupedes, qui ont des inté-
guments encore plus épais, la graisse, le tissu cellulaire et autres membranes,
qui enveloppent les muscles, il faut absolument enlever tous ces intéguments
jusqu’à, découvrir la chair vive aux endroits qu’on veut armer, sans quoi à
peine pourra-t-on obtenir quelques contractions ou tremblement de quelque
muscle, et point de ces mouvements et secousses des membres qu’on se propose
d’exciter. Enfin dans les animaux plus grands, chiens, chats, lapins, agneaux ec.
et dans les parties trop charnues, les principaux nerfs inservients au mou-
vement des membres, c. à. d. regissants les muscles flexeurs se trouvent
trop couverts et ensevelis, il faut oter, outre certaines pellicules ou mem-
branes, s’il s’en rencontre, qui couvrent les chairs, une partie encore de celles
-ci, jusqu’à ce qu’on ait aminci convenablement la couche qui s’interpose
entre l’armure et le nerf qui doit être irrité, pour qu’il s’ensuive le mouve-
ment qu’on attend. Ce n’est pas qu’on n’obtienne sans cette coupure et amin-
cissement des parties charnües des contractions spasmodiques, des palpi-
tations plus ou moins grandes des muscles; mais elles ne sont dans ce cas
que superficielles, et limitées à-peu-près aux environs des armures et à l’e-
space compris, s’il n’est pas grand; au lieu qu’elles s’étendent loin et arrivent
à secouer les membres entiers, toute une jambe p. e. tout le bras et la patte
d’un chien, d’un agneau ec. si on a appliqué comme il faut une des armures
à l’endroit qui repond au nerf ischiatique , ou au nerf brachial , et on a oté de
cet endroit outre les intéguments communs assez de chair pour qu’il n’en reste
que peu d’interposé entre le nerf et l’armure: dans ce cas c’est presque
comme si on avoit decouvert le nerf, et on lui eût appliqué la dite armure
immédiatement; puisque une couche assez mince de chair bien humide
n’empêche pas que le fluide Electrique mis en mouvement ne penetre jusqu’à
lui, et l’irrite au point de reveiller son action.

On voit donc aussi par ces expériences, que c’est proprement l’irritation
des nerfs assujetis à l’incursion du fluide électrique, qui devient cause des mou-
vements des muscles, non pas une action immédiate du dit fluide sur ces derniers,
comme le pense le Dr. GALVANI, et je le pensois moi-même dans le commen-
cement. Que si sans découvrir aucun nerf et en appliquant simplement les
deux armures aux muscles eux-mêmes laissés à leur place, ou détachés entie-
rement de l’animal et même à un seul muscle, et jusqu’à un petit morceau de
muscle, si, dis-je, en appliquant la feuille d’étain et la lame d’argent à deus
parties exterieures, soit d’un seul muscle, soit de deux, on occasionne des con-
torsions spasmodiques, des palpitations ec. toutes les fois et tout le tems
qu’on fait communiquer entre eux ces armures, c’est que chacun de ces muscles
et la moindre de leurs parties, se trouvent parsemés de filets nerveux, dont il
y en a une infinité sous tous les points que couvrent les dites armures.