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ments très-violents clans les deux jambes: elles sautent, et se debattent d’une
maniere surprenante. On obtient cet effet toutes les fois qu’on réitère les mêmes
attouchements; et beaucoup mieux et pendant un très-long tems, si ayant
appliqué une lame métallique soit au tube vertebral, soit à l’extremité des
nerfs cruraux qui y aboutissent, on touche avec l’arc conducteur cette espèce
d’armure d’un coté et les muscles des jambes de l’autre.

Notre Professeur de Bologne ne s’est pas arreté à ces experiences sur la
grenoüille, mais il les a étendües à d’autres animaux, même à sang chaud, qua-
drupedes et oiseaux, et il en a eu le même succès moyennant, le même artifice
de mettre à découvert et de detacher tout autour de ses adhérences le principal
nerf d’un membre, comme le brachial, l’ischiatique etc. de l’armer d’une feuille
métallique, et d’établir une communication à l’aide d’un arc conducteur entre
ce nerf armé et les muscles dependants. Il a varié de plusieurs manieres ces
expériences; toujours pourtant de façon à établir une communication entre les
nerfs d’un coté, et les muscles d’un autre; ce qu’il regarde comme une con-
dition essentielle, ou du moins que le courant du fluide electrique s’étende et
parvienne par la voye des nerfs aux muscles et les heurte de quelque maniere,
reveillant ainsi leur irritabilité.

Mais ayant varié beaucoup plus que lui les expériences et multiplié les
recherches j’ai trouvé que les susdites conditions ne sont guère nécessaires.
On peut lorsque le nerf est mis à découvert et dégagé comme ci-dessus, limiter
à deux de ces parties plus ou moins voisines entr’elles l’irruption ou trajet
du fluide électrique moyennant deux armures appliquées aux deux endroits
marqués du nerf ec. et les muscles dependants entreront également en con-
vulsion, le membre se debattra à l’ordinaire, quoique celui-ci reste avec tous
ses muscles hors du circuit, que parcourt le courant électrique. L’expérience
réussit très bien sur le nerf ischiatique et la jambe du chien, d’un agneau ec.
Qu’on decouvre un trajet assez long de ce nerf, qu’on en enveloppe une partie
dans l’étendue p. ex. de 3 ou 4 lignes, de feuille d’étain, et qu’on applique à
une autre partie une lame d’argent laissant entre ces deux armures un interval
quelconque d’une ou plusieurs lignes: toutes les fois alors qu’on établira entre
elles une communication, soit immédiate, en avançant la lame d’argent
jusqu’au contact de celle d’étain, soit par l’intermède d’un troisième metal,
on viendra à exciter des secousses, des mouvements impetueux de toute la
jambe, quoique on n’ait touché à aucun de ses muscles, quoique on ne puisse
imaginer que le fluide électrique mis en mouvement dans une petite partie
seulement du nerf qui deborde les muscles, aille frapper en aucune maniere
ceux-ci. Or donc, il n’est point du tout nécessaire que les muscles soient affectés
immédiatement par le fluide électrique, qu’il fasse irruption sur eux: c’est les
nerfs que ce fluide doit irriter; et il n’en faut pas davantage pour donner nais-
sance aux mouvements des muscles gouvernés par ces nerfs.