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le disque de cuivre du condensateur se fasse par l’interposition d’un conducteur
qui soit simple conducteur à-peu-près, d’un conducteur humide, comme un
carton ou drap mouillé.

Au reste l’action excitant et mouvant le fluide électrique ne s’exerce pas
comme on l’a cru faussement, au contact de la substance humide avec le métal,
ou il ne s’y en exerce qu’une très-petite, qu’on peut négliger en comparaison
de celle qui s’exerce, comme toutes mes expériences le prouvent, au contact
entre des métaux différens. Par conséquent le véritable élément de mes ap-
pareils électro-moteurs à pile, à coupes, et autres qu’on peut construire d’après
les mêmes principes, est la simple couple métallique composée de deux métaux
différens, et non pas une substance humide appliquée à une métallique, ou
comprise entre deux métaux différens, comme la plupart des physiciens ont
prétendu. Les couches humides dans ces appareils composés ne sont donc
que pour faire communiquer l’une à l’autre toutes les couples métalliques
rangées de manière à pousser le fluide électrique dans une direction, pour
les faire communiquer de façon qu’il n’y ait d’action en sens contraire.

Après avoir bien vu quel degré d’électricité j’obtiens d’une seule de ces
couples métalliques, à l’aide du condensateur dont je me sers, je passe à mon-
trer qu’avec 2, 3, 4 couples, etc. bien arrangées, c’est-à-dire tournées toutes
dans le même sens, et communiquant les unes aux autres par autant de couches
humides (qui sont nécessaires pour qu’il n’y ait pas des actions en sens contraire,
comme j’ai montré), on a justement le double, le triple, le quadruple, etc., de
sorte que si avec une seule couple on arrivoit à électriser le condensateur au
point de lui faire donner à l’électromètre, par exemple, trois degrés; avec
deux couples, on arrive à six, avec trois, à neuf, avec quatre, à douze, etc.,
sinon exactement, à très-peu-près. Vous les avez vues ces expériences, et vous
en avez été très-satisfait, aussi bien que M. PICTET, qui parut en être enchanté,
et ne se lassoit pas de les voir répéter.

Voilà donc déjà une petite pile construite, qui ne donne pourtant pas
encore des signes à l’électromètre sans le secours du condensateur. Pour qu’elle
en donne immédiatement, pour qu’elle arrive à un degré entier de tension
électrique qu’on pourra à peine distinguer, étant marqué par une demi-ligne
que s’écarteront les pointes des paillettes, il faut qu’une telle pile soit composée
d’environ 60 de ces couples de cuivre et zinc, ou mieux d’argent et zinc, à
raison d’un soixantième de degré que donne chaque couple, comme j’ai fait
remarquer. Alors elle donne aussi quelques secousses si on touche ses deux
extrémités avec des doigts qui ne soient pas secs, et de beaucoup plus fortes,
si on les touche avec des métaux qu’on empoigne par des larges surfaces avec
les mains bien humides, établissant ainsi une beaucoup mieilleure communi-
cation.

De cette manière on peut déjà avoir des commotions d’un appareil, soit