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J’ai commencé par vous montrer avec des experiences délicates à la vérité,
et pourtant simples, qu’on a des signes électriques non équivoques par le simple
contact de deux métaux différens, sans l’intervention d’aucune substance
humide: expériences qu’on doit regarder comme fondamentales.

Pour rendre cette électricité, qui est si foible que sans d’autres artifices
elle resteroit imperceptible, pour la rendre, dis-je, sensible et manifeste, je
me sers de mes électromètres à pailles minces, combinés à mes condensateurs,
dont les meilleurs sont ceux faits de deux disques métalliques qui s’appliquent
exactement par leurs faces bien planes incrustées d’une légère couche de cire
d’Espagne, ou mieux d’un bon vernis de lacque.

La première manière de faire cette expérience fut de prendre deux autres
disques ou plateaux, un de cuivre et l’autre de zinc, de les tenir chacun par
un manche bien isolant (de verre incrusté de cire d’Espagne); de les appliquer
un instant l’un à l’autre par leurs faces planes, et séparés après adroitement
les faire toucher à l’électromètre, qui marquoit alors, par l’écartement d’environ
une ligne de ses pailles, l’électricité qu’avoient contracté chacun des plateaux,
et si une électricité positive, ou en plus (él. +) le zinc, négative ou en moins
(él. -) le cuivre; comme on pouvoit connoître en approchant du même élec-
tromètre, un bâton de cire d’Espagne frotté.

Il est à propos d’observer dans cette expérience, que les deux plateaux,
en même temps qu’ils sont moteurs d’électricité en vertu de leur contact mutuel,
pour être deux métaux différens, ils font aussi fonction de condensateurs,
se trouvant présentés l’un à l’autre par une large surface, ce qui fait que leurs
électricités contraires se trouvent au mieux contrebalancées. Voilà pourquoi
cette électricité positive dans le plateau de zinc, et négative dans celui de
cuivre, qui sans cela n’iroit qu’à un seizième de degré environ, et qui n’atteint
en effet pas plus haut tant que ces mêmes plateaux restent appliqués l’un
à l’autre, s’élève en les détachant à un, un et demi ou deux degrés et même
davantage.

Une telle électricité est encore peu de chose; elle ne satisfait pas certaines
personnes qui aiment a voir les effets en grand. Eh bien! pour obtenir des
signes électriques beaucoup plus marqués, je me sers ordinairement d’un
second condensateur monté sur l’électromètre même, et je procède de la ma-
nière suivante. J’applique l’un à l’autre les plateaux de cuivre et de zinc, et
je les sépare à plusieurs reprises, faisant toucher à chaque séparation l’un de
ces plateaux isolés au disque supérieur du condensateur, et l’autre pareil-
lement isolé au disque inférieur, qui tient à l’électromètre. Après 10, 12, 20
de ces attouchemens, levant lc disque supérieur du dit condensateur, voilà
l’electromètre portant le disque inférieur qui s’élève à 10,12,15, 20 degrés, etc.

On pourroit croire qu’indépendamment de l’action du condensateur,
l’étendue du contact entre les deux métaux différens contribue beaucoup