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c. à. d. que ce qui arrive à la rencontre d’un conducteur de cette classe avec
un de l’autre, arrive aussi à proportion entre deux de la même classe, mais
differents. Ainsi au lieu de dire, que tout le jeu depend de la difference des
conducteurs métalliques, on dira des conducteurs sur-tout métalliques; les
autres ne devant pas être exclus de la faculté de pouvoir être aussi moteurs .

J’avais depuis long-tems conçu l’idée que tous les conducteurs possedoient
dans quelque dégré cette faculté active; et j’avois expliquée à quelqu’un de
mes correspondents dès l’été de 1792, specialement dans deux longues lettres
à Mr. VAN MARUM celebre Physicien Hollandois. Maintenant les expériences
ont confirmé cette conjecture: elles font voir que le fluide électrique est mu
par le simple contact de deux conducteurs humides différents, et surtout de
deux liqueurs différentes. Je rapporterai nombre de ces expériences dans la
suite de mes Memoirs: il sera suffisant de dire ici, que lorsque on n’obtient
plus les convulsions en repliant simplement la jambe de la grenouille préparée
sur le clos jusqu’au contact de l’épine, on pourra quelque fois les obtenir encore
en mouillant prealablement l’une ou l’autre de ces parties, à la maniere de
VALLE, de salive, d’eau salée, d’esprit de vin, et d’autres liqueurs, comme
Mr. VALLE même a prouvé. Encore cette autre expérience et je finis. Ayant
placé les jambes de la grenouille préparée dans l’eau pure contenue dans un
verre et son dos dans celle d’une autre verre; il est extremement rare qu’on
puisse exciter une fois ou deux des convulsions foibles en plongeant deux doigts
dans les deux verres pour completer le cercle, et si rare, que la plupart avec
les grenouilles plus fraiches, plus fortes, et le mieux préparées je n’y réussis
pas, même dans les premiers instants; je n’y réussi pas beaucoup mieux en
y plongeant les deux bouts d’un fil, d’or ou d’argent parfaitement homogene;
mais si je repete l’expérience ayant mouillé le bout de mon doigt, ou le bout
de l’arc métallique d’une autre liqueur, d’eau salée, d’esprit de vin, d’encre,
de vinaigre, d’acide vitriolique, ou de quelque humeur animale, comme lait,
sang, salive, urine, j’excite lorsque je viens à faire la communication les
mouvements des muscles; l’expérience est beaucoup plus sure en employant
l’arc métallique; mais elle est plus decisive avec celui des deux doigts: et tout,
à la fin prouve que l’effet, est du au contact des deux liqueurs etherogenes.
Après cela qui ne voit l’explication claire du phénomene dont on a fait
tant de bruit, c. à. d. des foibles convulsions excitées dans la grenouille
ponctuellement préparée par le simple contact d’une de ses jambes aux nerfs
cruraux nus, ou aux muscles de l’épine? Quand même on n’a point mis de sa-
live ec. à l’un des endroits, l’attouchement mutuel se fait toujours entre des
conducteurs differents, au moins quant à la surface, qui est unie sur le genou,
et sur les muscles couverts d’une membrane lisse, et au contraire inegale et
presentant une chaire dechirée ou ensanglantée sur l’épine; c’est, dis-je,
cette difference dans les surfaces conductrices qui se touchent en effet, parmi