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(41.) D’abord, qu’elle puisse agir, et qu’elle agisse effectivement, sur les
nerfs, et que ceux-ci excités par elle excitent à leur tour les muscles dépendants,
sans même que le courant électrique arrive jusqu’aux dits muscles, c’est un
fait qui n’a plus besoin de preuves après celles fournies par les Expériences
A. et B. (Sect. 19 et 20) et même par une expérience de Mr. GALVANI, qui fut
la première de toutes, et l’origine des autres, suivant son recit. On voit assez
que le courant électrique, dans cette expérience du professeur de Bologne,
comme dans les miennes que je viens de citer, traverse une partie seulement
du nerf crural, et pas un des muscles de la jambe; cependant comme ils dé-
pendent de ce nerf, ils tombent tous en convulsion.

(42.) Mais je vais plus avant, et je soutiens que même dans le cas le
courant électrique (on comprend bien que je n’entends parler que des foibles
décharges artificielles, ou de ce courant qui a lieu par la simple application des
armures de différents métaux) frappe et penètre les muscles susceptibles de
mouvement, ce n'est pas en irritant ceux-ci immédiatement qu’il les fait
entrer en contraction, mais en stimulant leurs nerfs. C’est ce qu’indiquent
déja mes Expériences C. et D. (Sect. 21 et 23) la feuille d’étain et la lame
d’argent, se trouvant appliquées immédiatement aux parties musculeuses de l’a-
nimal, soit entier, soit écartelé, ce ne sont pas tant les muscles couverts par les
deux armures métalliques qui souffrent les plus violentes contractions, que ceux
qui dépendent de quelque nerf principal, auquel soit proche l’une ou l’autre des
armures. C’est ainsi dans la grenouille, lorsque la feuille d’étain est appliquée
sur les reins, ou gissent à peu de profondeur les nerfs cruraux, les muscles des
jambes sont saisis de fortes convulsions plus que tout autre, plus même que
ceux qui touchent ou avoisinent l’autre armure, c'est à dire, la lame d’argent.
J’ai déja fait observer la même chose dans les quadrupedes, chiens, agneaux, etc.
par rapport au nerf ischiatique (Expérience D) et je dois ajouter seulement
que la jambe ne laisse pas d’être sécouée lorsque ce nerf n’est pas trop caché
sous les chairs et autres intéguments, et on applique comme il faut à cet endroit
une des armures; quand même on ne feroit point répondre l’autre ni au muscle
gluteus, ni à aucun muscle de la jambe, mais à un autre quelconque, pourvu
qu’il ne soit pas trop éloigné. Voila encore pourquoi,