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artifice des armures de différents métaux convenablement appliquées, de fortes
contractions dans tous les muscles de tous les animaux, tant qu‘ils jouissent
encore de quelque vitalité. Une telle conclusion seroit pourtant trop génerale,
et l’expérience même, au milieu des preuves que j’ai si fort étendues, m’a
appris qu’il faut y mettre des restrictions, tant relativement aux classes et
genres d’animaux, que par rapport, aux différents muscles de chaque animal.

(35.) Et premièrement pour ce qui est des différentes classes d’animaux;
quoiqu’il soit bien constant que tous les quadrupedes, les oiseaux, les poissons,
les reptiles, et les amphibies, que j’ai soumis aux épreuves, presentent les phé-
nomenes décrits, il n’en est pas moins vrai que les vers en géneral, et plusieurs
insectes, s’y sont refusés. J’ai essayé en vain les vers de terre, les sangsues, les
limaces et limaçons, les huitres, et diverses chenilles; je n’y ai pas même pu
exciter des mouvements par de petites et médiocres étincelles, et décharges,
d’électricité artificielle. Voici de quelle manière j’ai procédé.

EXPERIENCE I. J’ai appliqué la feuille d’étain, et la lame d’argent, à dif-
férentes parties, tant exterieures qu’interieures, de ces limaces, sangsues,
vers de terre, etc. et le mieux qu’il m’a été possible; et j’ai établi la communi-
cation de ces armures métalliques, tantôt en approchant l’une de l’autre
jusqu’au contact, tantôt par l’intermede d’un autre métal faisant office d’arc
conducteur; mais par tous ces moyens je n’ai jamais pu obtenir le moindre
mouvement dans aucune partie de leurs corps.

EXPERIENCE L. J’ai effectué à travers leurs corps, isolés ou non isolés,
des décharges de bouteille assez fortes pour exciter une médiocre étincelle,
et pour me donner une petite commotion, et ils n’en forent pas sensiblement
affectés; point de mouvements ou des convulsions.

(36.) Est-ce donc que les animaux les plus imparfaits, la classe entière
des vers, et plusieurs insectes ne possederoient, gueres cette sensibilité et irri-
tabilité, cette mobilité électrique, s’il m’est permis de dire ainsi, dont jouissent
les autres animaux plus parfaits? Je ne veux point encore tirer cette conclusion
génerale de mes expériences, que je n’ai étendues jusqu’à présent qu’à un
petit nombre de vers et d’insectes. Encore, à l’égard de ces derniers, je dois
dire que j’ai réussi, sans beaucoup de difficulté, sur des ecrevisses, des scarabés,
des sauterelles, des papillons, des mouches. Il ne sera pas inutile que j’explique
une des manières par lesquelles je viens à bout avec ces animaux, difficiles
d’assujettir aux expériences, ou par leur petitesse, ou par les écailles dont ils
sont recouverts.

EXPERIENCE M. Après avoir tranché la tête à la mouche, au papillon,
au scarabé, etc. je leur fend, tout au long, le corcelet avec un canif, ou de petits
ciseaux; et j’introduis profondément dans la fente, prés du cou, un morceau
de feuille d’étain, (le papier dit improprement argenté est très à propos) et un
peu au dessous j’introduis, de même bien avant dans l’intérieur, le tranchant