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plantent les nerfs destinés à ces mouvements; ce que je verifiai bientôt par
cette autre expérience.

(50.) EXPERIENCE R. Ayant coupé à un agneau tout recemment égorgé,
la langue près de sa racine, j’appliquai une feuille d’étain à l’endroit de la cou-
pure, et la cuiller d’argent à une de ses surfaces; procedant alors à établir
une communication, comme il faut, entre ces deux armures métalliques, j’eus
le plaisir de voir la langue entière tremousser vivement, élever sa pointe, se
tourner et se replier de part et d’autre, chaque fois et tout le tems qu’une
telle communication avoit lieu.

(51.) J’ai répété cette expérience sur une langue de veau, que je posai,
armée de la même manière de la feuille d’étain près de sa racine, sur un plat
d’argent, pour qu’il fît l’office de l’autre armure; et le succès fût le même. Je
l’ai répétée aussi sur la langue d’autres petits animaux, comme souris, poulets,
lapins, etc. et j’obtins prèsque toujours le même effet. Je dis presque toujours,
car quelques fois il manqua dans la langue des petits animaux; soit que la
feuille d’étain ne fût pas appliquée convenablement à l’endroit juste, les
nerfs qui regissent les mouvements de la langue y ont leur insertion; soit que
la langue refroidie eût déja perdu sa vitalité, qui ne dure guères long-tems dans
les muscles des animaux à sang chaud, comme j’ai déjà fait observer, (sect. 26)
et particulièrement dans la langue.

Je suis etc.

Octobre 25, 1792.

A. VOLTA.