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à celle de la bouteille de Leyde. Cependant un grand nombre de nouvelles expé-
riences, que j’ai faites sur ce sujet, font voir qu’il y a bien des restrictions à
faire, tant à la chose, qu’aux consequences que l’auteur en a tirées; en même
tems qu’elles étendent beaucoup les phénomenes attribués à cette électricité
animale et nous la representent dans un grand nombre de circonstances et de
combinaisons nouvelles.

(13.) Mr. GALVANI, suivant l’idée qu’il s’est fait, d’après ses expériences,
et pour suivre, en tout point, l’analogie de la bouteille de Leyde et de l’arc con-
ducteur, prétend qu’il y ait naturellement un excès de fluide électrique dans
le nerf, ou dans l’intérieur du muscle, et un defaut correspondant dans l’exté-
rieur, ou vice versa; et suppose conséquemment qu’un bout de cet arc doit
communiquer au nerf, qu'il regarde comme le fil conducteur, ou crochet de
la bouteille; l’autre bout à la face exterieure du muscle. Toutes les figures de
la troisième et quatrième planche, et toutes ses explications reviennent à cela.
Mais s’il avoit un peu plus varié les expériences, comme j’ai fait, il auroit vu
que ce double contact du nerf et du muscle, ce circuit qu’il imagine, n’est pas
toujours nécessaire. Il auroit, trouvé, ce que j’ai trouvé, qu’on peut exciter
les mêmes convulsions, les mêmes mouvements dans les jambes, et autres
membres des grenouilles, et de tout autre animal, par des attouchements mé-
talliques, soit à deux parties du nerf seul, soit à deux muscles et même à diffe-
rents points d’un seul et simple muscle.

(14.) Il est vrai qu’on ne reussit pas, à beaucoup près, si bien de cette ma-
nière que de l’autre, et qu’il faut, dans ce cas, avoir recours à un artifice, dont
nous aurons occasion de parler plus au long, et qui consiste à employer deux
métaux differents; artifice qui n’est, pas absolument necessaire lorsqu’on expé-
rimente suivant le procédé de GALVANI, decrit ci-dessus (Sect. 10 et 11), du moins
tant que la vitalité dans l’animal, ou dans ses membres coupés, se soutient
en pleine vigueur; mais enfin, puisque avec des armures de differents métaux
appliquées, soit aux nerfs seuls, soit aux seuls muscles, on vient à bout d’ex-
citer les contractions dans ceux-ci, et les mouvements des membres, on doit,
conclure que s’il y a des cas (ce qui pourroit bien encore paroitre douteux)
la pretendue décharge entre nerf et muscle (Sect. 12 et 13) est cause des
mouvements musculaires, il y a bien aussi des circonstances, et plus fréquentes,
l’on obtient les mêmes mouvements, par un tout autre jeu, par une tout
autre circulation du fluide électrique.

(15.) Oui c’est un tout autre jeu du fluide électrique, dont on doit dire
plutôt qu’on trouble l’equilibre, que de le retablir, en ce qu’il coule d’une
partie à l’autre du nerf, du muscle, etc. tant interieurement par leurs fibres
conductrices, qu’extérieurement par la voie des conducteurs métalliques ap-
pliquées non pas en conséquence d’un excès ou defaut respectif, mais par une
action propre de ces mêmes métaux, lorsque ceux-ci sont de differente espece.