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mes expériences rapportées ci-dessus, (sect. 6 et 7) font voir, pour exciter les
mouvements dont il s’agit.

(10.) Mais si on ne doit plus être surpris, après ces expériences, de celles
de Mr. GALVANI décrites clans la première et seconde partie de son ouvrage,
comment s’empêcher de l’être de celles tout-à-fait nouvelles et merveilleuses
qu’il rapporte dans la troisième? Par lesquelles il obtint les mêmes convulsions
et mouvements violents des membres, sans avoir recours à aucune électricité
artificielle, ou excitation étrangere, par la seule application d’un arc con-
ducteur quelconque, dont un bout touchât aux muscles, et l’autre aux nerfs,
ou à l’epine de la grenouille, preparée de la manière decrite. Cet arc conducteur
pouvoit être ou entièrement métallique, ou partie métallique partie d’autres
corps de la classe des déférents, comme d’eau, d’une ou plusieurspersonnes, etc..
Même les bois, les murailles, le plancher, pouvoient entrer dans le circuit,
pourvu qu’ils ne fussent pas trop secs; il n’y avoit que l’interposition des corps
cohibents, comme verre, resines, soye, qui empechât l’effet. Les mauvais con-
ducteurs cependant ne servoient pas si bien, et seulement pour les premiers
moments après la préparation de la grenouille, tant que les forces vitales se
soutenoient en pleine vigueur; après quoi il n’y avoit plus que les bons con-
ducteurs qu’on pût employer avec succès, et bientôt, on ne pouvoit réussir
qu’avec les excellents, c’est à dire, avec des arcs conducteurs entièrement mé-
talliques. Il trouva au surplus un grand avantage à appliquer une espèce d’ar-
mure métallique à cette portion d’épine qu’il laissoit attachée aux nerfs
cruraux, et aux nerfs eux-mêmes, et surtout à revêtir cette partie d’une feuille
mince d’étain ou de plomb.

(11.) Mr. GALVANI ne s'arreta pas, dans ces expériences vraiment éton-
nantes, aux grenouilles; il les étendit avec succès, non seulement à plusieurs
autres animaux à sang-froid, mais aussi aux quadrupedes, et aux oiseaux;
dans lesquels il obtint les mêmes resultats, moyennant les mêmes préparations;
qui consistoient à degager de ses enveloppes un des principaux nerfs, il s’im-
plante dans un membre susceptible de mouvement, à armer ce nerf de quelque
lame ou feuille métallique, et à etablir une communication, à l’aide d’un arc
conducteur de cette armure du nerf aux muscles dépendants.

(12.) C’est ainsi qu’il découvrit heureusement, et nous demontra, de la
manière la plus evidente, l’existence d’une veritable électricité animale dans
tous, ou presque tous les animaux. Il paroit prouvé en effet par ses expériences,
que le fluide électrique tend sans cesse à passer d’une partie à l’autre du corp
organique vivant, et même des membres tronqués, tant qu’il y subsiste un reste
de vitalité; qu’il tend à passer des nerfs aux muscles, ou vice versa, et que les
mouvements musculaires sont dûs à une semblable transfusion, plus ou moins
rapide. En verité il semble qu’on ne peut rien opposer à cela, ni à la façon
dont Mr. GALVANI explique la chose, par une espèce de décharge semblable