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cet effet j’avois soin de le tenir isolé d’une maniere ou de l’autre, et le plus
souvent en l’attachant, par des epingles, à deux plateaux de bois tendre, portés
par des colonnes de verre.

(6.) J’ai donc trouvé, que pour la grenouille vivante et entiere il suffisoit
de l’électricité d’un simple conducteur, de moyenne grandeur, quand elle ar-
rivoit seulement à pouvoir donner une très foible étincelle, et à élever de cinq
à six degrés l’électrometre de HENLY. Que si je me servois d’une bouteille de
Leyde, aussi de moyenne grandeur, une charge de celle-ci beaucoup plus foible
produisoit l’effet, telle, par exemple, que ne donnant pas la moindre étincelle,
et n'étant aucunement sensible au quadrant-électrometre, l’étoit à peine à
un électometre de CAVALLO au point d’écarter d’une ligne environ ses petits
pendules.

(7.) Cela, comme je viens de montrer, pour une grenouille entiere et in-
tacte; car pour une disséquée et préparée en differentes manières, et sur-tout
à la façon de GALVANI, les jambes tiennent à l’épine dorsale par les seuls
nerfs cruraux, une électricité beaucoup plus foible encore, soit du conducteur,
soit de la bouteille de Leyde, (le fluide étant obligé d’enfiler ce passage étroit,
des nerfs), ne manquoit pas d’exciter les convulsions etc.. Oui une électricité
quarante ou cinquante fois plus foible, comme une charge de la bouteille abso-
lument imperceptible au dit électrometre de CAVALLO, et même à celui extre-
mement delicat de BENNET; une charge, que je ne pouvois rendre sensible
qu’à l’aide de mon condensateur, et que je crois pouvoir évaluer à cinq ou six
centiemes de degré de l’électrometre de CAVALLO.

(8.) Voila donc, dans les jambes de la grenouille attachées à l’épine du dos
uniquement par ses nerfs bien dépouillés, une nouvelle espèce d’électrometre;
puisque des charges électriques qui, ne donnant, aucun signe à ceux-ci, paroi-
troient nulles, en donnent de si marqués par ce nouveau moyen, par un tel
électrometre animal, si on peut l’appeller ainsi.

(9.) Lorsqu’on a vu comment une grenouille ainsi préparée se ressent, et.
est saisie des fortes convulsions par une électricité extremement foible, par un
courant de fluide imperceptible, on ne doit surement plus être surpris, qu’elle
se debatte de même lorsqu’un corps quelconque décharge tout d’un coup le
grand conducteur de la machine électrique, et fait qu’un autre courant de
fluide électrique, grand ou petit du fluide ci-devant déplacé dans les corps
déférents auprès de la grenouille, et qui se rétablit, comme on a expliqué plus
haut, (sect. 2) passe rapidement à travers ses nerfs. Supposons que ce courant,
de retour soit à peine équivalent à celui que lance directement un conducteur
suffisamment volumineux, avec une électricité non étincellante, et presqu’in-
sensible jusqu’à l’électrometre de CAVALLO, ou une petite bouteille de Leyde,
chargée à peine un dixième de degré de ce même électrometre; supposons, dis-je,
que le courant électrique ne soit pas plus fort que cela, il suffit encore, comme