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au point de ne pouvoir être rendu sensible par les électrometres les plus de-
licats, fût capable d’affecter si puissamment les organes d'un animal, et d’ex-
citer dans ses membres, découpés une ou plusieurs heures avant, des mou-
vements, tels que l'animal vivant n’en produit pas de plus forts, comme d’é-
lancer vigoureusement les jambes, de sauter, etc. pour ne rien dire des convul-
sions toniques les plus violentes? Or tel est le courant qui envahit le petit
animal couché, par exemple, sur la table, auprès de quelque métal, ou entre
deux bons conducteurs non isolés, lorsqu’une personne tire du grand conducteur
électrique, suspendu plusieurs pieds au dessus, une médiocre étincelle, et di-
rige la décharge par une tout autre voie.

(4.) Je dis médiocre; car si elle est bien forte, et si la distance de ce con-
ducteur, puissamment électrisé, et volumineux, aux corps posés sur la table
n’est pas fort grande, il paroîtra des petites étincelles dans les interstices de
ces corps surtout métalliques, et même ou la grenouille fait un anneau de
communication entr’eux; étincelles produites evidemment par ce fluide élec-
trique de retour, dont nous avons parlé ci-dessus (sect. 2). Ou, si la chose n’ar-
rive pas à ce point, au lieu des étincelles, on pourra observer des mouvements
assez marqués de quelques électrometres placés sur la même table, et aux
mêmes endroits. Or dans ce cas, les électrometres donnent des signes, et
beaucoup plus dans l’autre, l’on obtient les susdites étincelles, on pourra
observer que même une grenouille entiere, et intacte, un autre petit animal
quelconque, un lezard, un souris, un moineau, sont saisis de fortes convulsions
dans tous leurs membres, surtout dans les jambes, qui s’élancent avec viva-
cité, si le passage du fluide électrique (le courant de retour) suit la direction
de ces mêmes jambes d’un bout à l’autre. Jusques-là point de merveille; la
surprise est dans le cas le courant électrique n’étant, plus sensible, pas même
aux électrometres les plus delicats, il excite encore les mêmes convulsions, les
mêmes mouvements et debats, si non dans la grenouille entiere, au moins dans
ses membres disséqués et préparés à la manière de Mr. GALVANI.

(5.) Je me suis appliqué, avec quelque attention, à determiner quelle
étoit la moindre force électrique requise à produire ces effets, aussi bien dans
une grenouille intacte et pleine de vie, que dans une disséquée et préparée
à la dite maniere; ce que Mr. GALVANI avoit omis de faire. J’ai choisi la gre-
nouille de préference à tout autre animal, à cause qu’elle est douée d’une vi-
talité très-durable, et qu’il est fort aisé de la préparer. Au reste j’ai aussi fait
des épreuves sur d’autres petits animaux, dans cette vue, et avec un succès
à-peu-près égal. Pour bien évaluer la force du courant électrique, j’ai cru
devoir soumettre l’animal destiné aux expériences, de ce genre, non pas aux
courants de retour occasionnés par les atmospheres, (sect. 2) mais aux décharges
électriques directes, tantôt d’un simple conducteur, tantôt d’une bouteille de
Leyde, et en sorte que tout le courant dût traverser le corps de l’animal. A