175

(2.) Ce phénomene étonna Mr. GALVANI, peut-être plus qu’il n’aurait
faire: car enfin le pouvoir, non seulement des étincelles éléctriques lorsqu’elles
frappent immédiatément, les muscles ou les nerfs d’un animal, mais d’un cou-
rant de ce fluide quiles traverse, de quelque manière que ce soît, avec une suffi-
sante rapidité, son grand pouvoir, dis-je, d’y exciter des commotions, étoit
une chose assez connue; d‘ailleurs il étoit visible comment, dans cette expé-
rience, et dans toutes celles du même genre rapportées dans la première et
seconde partie de son ouvrage, et qui sont représentées dans les deux premieres
planches de figures, sa. grenouille se trouvoit effectivement exposée à être tra-
versée par un tel courant. On n’a qu’à se retracer l’action très-connue des
atmospheres électriques, ou ce qu’on appelle éléctricité de pression; par la quelle
le fluide des corps déférents, plongés dans la sphere d’activité d’un corps éléc-
trisé quelconque, est poussé et deplacé, en raison de la force, et de l’étendu
de cette sphere, et entretenu en cet état de déplacement tant que l’électricité
dans le corps dominant subsiste, laquelle otée, il revient à sa place des endroits
éloignés, peu-à-peu si elle se dissipe petit à petit, et en un instant si on la
détruit instantanéament, en déchargeant tout d’un coup le corps qui en est
revêtu. C'est donc ce courant de retour, ce reflux de fluide électrique dans les
corps déférents contigus à la grenouille, ou proches d’elle, son passage brusque
du conducteur des muscles au conducteur des nerfs, ou vice versa, à travers son
corps, surtout lorsqu’un tel courant, est resserré dans le canal unique et etroit
des nerfs, qui excite les spasmes et les mouvements dans les expériences dont
il est ici question. Mr. GALVANI, qui semble n’avoir pas assez réfléchi à cette
action des atmospheres électriques, et qui ne connoissoit pas encore la prodi-
gieuse sensibilité de sa grenouille, singulierement préparé de la maniere sus-
dite, (je dirai ici, que je l’ai trouvée a-peu-près égale dans tous les autres
petits animaux, comme lezards, salamandres, souris) fut extremement frappé
d’un tel effet, qui ne paroitra pas si merveilleux à d’autres physiciens. Ce
fut pourtant le premier pas, qui le conduisit à la belle et grande découverte
d’une électricité animale proprement dite, appartenante non seulement aux
grenouilles, et à d'autres animaux à sang froid, mais aussi-bien à tous les ani-
maux à sang chaud, quadrupedes, oiseaux etc.; découverte qui fait le sujet
de la troisieme partie de son ouvrage, sujet absolument neuf, et très inte-
ressant. C'est ainsi qu’il nous a ouvert un champ très vaste, dans lequel nous
nous proposons d’entrer, et de poursuivre les recherches, après que nous nous
serons arreté encore un peu sur ces expériences préliminaires qui concernent
l’action de l’électricité artificielle, ou étrangere, sur les fibres nerveuses et mu-
sculaires.

(3.) Ce fut, le hazard qui presenta à Mr. GALVANI le phénomene que nous
venons de décrire, et dont il fut étonné, je le répète, plus qu’il n’aurait
être. Cependant qui est ce qui auroit cru, qu’un courant électrique, foible