174
Je ne sais si vous avez encore vu l’ouvrage d’un professeur de Bologna, Mr. GAL-
VANI, qui a Paru il y a à-peu-près un an, avec ce titre; ALOYSII GALVANI de
Viribus Electricitatis in Motu Musculari Commentarius. Bononiae 1791, in 4 to,
de 58 pages, avec quatre grandes planches; ou du moins si vous en avez eu no-
tice. Il contient une des plus belles et des plus surprenantes découvertes, et le
germe de plusieurs autres. Nos journaux Italiens en ont donné différents
extraits, entre autres celui du Dr. BRUGNATELLI de Pavie, qui a pour titre,
Giornale Fisico-Medico; auquel j’ai fourni moi-même deux longs memoires,
qui seront suivis de quelques autres, ayant beaucoup étendu les expériences,
et poussé les recherches plus loin sur ce sujet.

Or c’est une esquisse, tant de la découverte admirable de Mr. GALVANI,
que des progrès que j’ai été assez heureux de faire dans cette nouvelle carrière,
que je vais vous tracer, Monsieur, dans cet écrit, que je souhaite que vous pre-
sentiez au digne Président de la Societé Royale, le Chevalier BANKS, pour être
communiqué, s'il le croit à propos, à cette savante Compagnie, comme un
foible temoignage de ma reconnoissance pour l’honneur qu’elle m’a fait de
m’associer à son corps, et de mon zele et empressement à répondre à son in-
vitation de lui faire part, de tems à autre, du fruit de mes recherches.

(1.) Le Dr. GALVANI ayant coupé et préparé une grenouille, de maniere
que les jambes tenoient à une partie de l’épine du dos, tronquée du reste du
corps, uniquement par les nerfs cruraux mis à nud, vit qu’il s’excitoit des mou-
vements très vifs dans ces jambes, avec des contractions spasmodiques dans
tous les muscles, chaque fois que (ce reste d’animal, se trouvant placé à une
distance considérable du grand conducteur de la machine électrique, et dans
certaines circonstances, que j’expliquerai ensuite), on tiroit de ce même con-
ducteur, non pas sur le corps de l’animal, mais sur tout autre corps, et dans
toute autre direction, une étincelle. Les circonstances requises etoient donc,
que l’animal, ainsi dissequé, se trouvât en contact, ou très près de quelque
métal, ou autre bon conducteur assez étendu, et mieux encore entre deux
semblables conducteurs, dont l’un étoit tourné vers l’extremité des dites
jambes, ou quelqu’un de ses muscles l’autre vers l’épine, ou les nerfs: il étoit,
aussi très avantageux, qu’un de ces conducteurs, que l’auteur distingue par
le nom de conducteur des nerfs, et, de conducteur des muscles, et préferablement
ce dernier, eût une libre communication avec le plancher. C’est dans cette
position surtout que les jambes de la grenouille préparée, comme on a dit,
recevoient de violentes secousses, s’élançcoient et se debattoient avec vivacité
à chaque étincelle du conducteur de la machine, quoiqu'il fût assez éloigné,
et quoique la décharge ne se fit, ni sur le conducteur des nerfs, ni sur celui
des muscles, mais sur un autre quelconque, pareillement éloigné d’eux, et
ayant tout autre communication par transmettre une telle décharge, par
exemple, sur une personne placée à l’angle opposé de la chambre.