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nécessaire, de l'ôter à presque tous les autres animaux, lezards, salamandres,
serpents, tortues, et sur-tout aux quadrupedes, et aux oiseaux, fournis d’une
peau plus seche et beaucoup plus épaisse, pour reussir dans ces expériences.
Voici donc comment je m’y prends.

EXPERIENCE D. J’attache à une table, au moyen de quelques grosses
épingles, un lezard, une souris, un poulet, etc. et en faisant une incision à la
peau et aux autres intéguments, jusqu’à la chair nue, sur le dos de l’animal
ainsi assujetti, je renverse les intéguments des deux cotés; j’en fais autant
à la cuisse ou à la jambe, après quoi j’applique les deux armures aux endroits
dénués, ici la feuille d’étain, la cuiller ou la piece de monnoye. Alors, toutes
les fois que je fais communiquer entr’elles ces deux armures, il s’excite de fortes
contractions dans les muscles adjacents, et sur-tout dans ceux de la cuisse
et de la jambe, qui remue et se debat très-fort. Ces secousses sont beaucoup
plus violentes selon que la feuille d’étain se trouve appliquée plus près du nerf
ischiatique, et la lame d’argent mieux appliquée au muscle qu’on appelle
gluteus, ou à l’autre dit gastronemius, et toujours plus si on va jusqu’à. dé-
couvrir ce même nerf, et à le revêtir lui-même de la feuille d’étain; si, le laissant
attaché seulement aux muscles dans lesquels il s’implante, on lui ôte tout
autre adherence; si enfin on détache tout le membre du reste du corps, avec
son nerf pendant, et on l’assujettit seul aux expériences.

Je suis, etc.

Septembre 13, 1792.

A. VOLTA.