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et mouvements de la jambe ont lieu, sans avoir recours à une électricité étran-
gere, par la décharge qui se fait, en certaine manière naturellement, lorsqu’ayant
appliqué, comme ci-dessus, les mêmes pincettes, ou une lame d’argent, à une
partie du nerf, et une lame de tout autre métal, et surtout d’étain ou de plomb,
à une autre partie, on les fait simplement communiquer entr’elles, soit par un
contact immédiat, ou par l’entremise d’une troisième piece de métal, qui fasse
l’office d’arc conducteur.

(21.) Or donc voila les mêmes effets, des convulsions et mouvements
musculaires les plus vifs, sans que la décharge de fluide électrique se fasse entre
les nerfs et les muscles, comme Mr. GALVANI suppose toujours; et sans qu’il
soit besoin qu’un bout de l’arc conducteur communique aux uns, et l’autre
bout aux autres. Mais aussi l’autre condition, de dépouiller un nerf quelconque
et le mettre à nud, n’est pas plus requise, comme les expériences suivantes
vont montrer.

EXPERIENCE C. J’applique les armures, ou lames de différents métaux
(c’est cette difference des armures qui est essentielle) (Sect. 14 et 15) à une
grénouille toute entière et vivante, revetue même de sa peau, en un mot in-
tacte: je colle, par exemple, une feuille mince d’étain sur son dos, ou sur les
reins, et je pose une piece de monnoye d’argent sous ses cuisses, ou sous son
ventre, l’y comprimant, un peu; cela fait, j’avance cette monnoye, en la glissant,
jusqu’au contacts de la feuille d’étain, ou bien j’établis une communication
entre ces deux armures, moyennant un fil d’archal, ou une autre piece de
métal quelconque; et voila qu’il s’excite des convulsions spasmodiques dans
tous les muscles du ventre, des cuisses, du dos, avec de violentes secousses
des jambes, une contraction et courbure de l’épine, etc. lesquelles convulsions
et spasmes, quoique presqu’universelles, sont cependant plus marqués dans
les membres et muscles qui touchent, ou avoisinent, les armures, et plus en-
core dans ceux qui dépendent des principaux nerfs proches eux-mêmes aux
dites armures.

(22.) Ces expériences reussissent dans quelques autres animaux; dans les
poissons, et dans les anguilles sur-tout, aux-quels il n’est pas nécessaire d’ôter
la peau, quoiqu’elle ne laisse pas que d’empêcher un peu l’action. C’est pourquoi
en la leur otant, au moins en partie, particulièrement à la grenouille, on obtient
plus surement les effets, et on les obtient beaucoup plus grands. On gagne en-
core, à cet égard, si on coupe la tête à la grenouille, et si on finit de la tuer en
lui enfonçant une grosse épingle dans la moëlle épiniere; on excite alors, par
le moyen décrit des armures métalliques différentes, des mouvements plus
forts, ou qui paroissent au moins plus marqués, parce qu’ils ne se confondent
pas avec les autres mouvements que l’animal se donne étant en vie.

(23.) S’il est avantageux, comme on vient de voir, d’ôter la peau aux gre-
nouilles, quoique fort mince et assez humide, il l’est beaucoup plus, et même