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C’est ainsi que j’ai découvert une nouvelle loi, qui n’est pas tant une loi d’élec-
tricité animale, qu’une loi d’électricité commune; à laquelle on doit attribuer
la plûpart des phénomenes, qui paroissoient, d’après les expériences de GAL-
VANI, et d’après plusieurs autres que j’avois faites moi-même à la suite de
celles-là, appartenir à une veritable électricité animale spontanée, et qui
n’en sont pas; ce sont réellement des effets d’une électricité artificielle très-
foible, qui s’excite d’une manière dont on ne s’étoit pas douté, par la simple
application de deux armures de differents métaux, comme j’ai deja indiqué,
et que j’expliquerai mieux ailleurs.

(16.) Je dois dire ici, qu’à la découverte de cette loi nouvelle, de cette
électricité artificielle jusqu’à présent inconnue, je me defiai d’abord de tout.
ce qui m’avoit paru demontrer une électricité animale naturelle, dans le sens
propre, et que j’etois sur le point de revenir de cette idée. Mais repassant,
avec un examen reflechi, tous les phénomenes, et repetant les expériences
sous ce nouveau point de vue, je trouvai enfin que quelques unes soutiennent
encore cet examen, (celles, par exemple, l’on n’a pas besoin d’armures
différentes, ni même d’armure quelconque, un simple fil métallique, ou tout,
autre corps déférent, faisant office d’arc conducteur entre le nerf isolé et un
des muscles dépendants, pouvant exciter dans ceux-ci les convulsions),
(Sect. 10, etc.) et qu’ainsi l’électricité animale naturelle et proprement orga-
nique subsiste, et ne peut pas être renversée entièrement. Les phénomenes
qui l’établissent, quoique beaucoup plus limités, ne laissent pas que d’être
demonstratifs, comme je viens d’indiquer, et comme on verra mieux dans la
suite.

(17.) Ce qu’on trouvera peut-être plus desagréable, c’est qu’il faut aussi
renfermer en des limites plus étroits son empire dans l’économie animale, et
renoncer aux plus belles idées qu’on avoit conçues, et qui paroissoient nous
mener à expliquer clairement tous les mouvements des muscles. Mes expé-
riences, variées de toutes les manières possibles, montrent que le mouvement
du fluide électrique, excité dans les organes, n’agit point immédiatement
sur les muscles; qu’il ne fait qu’exciter les nerfs, et que ceux-ci, mis en action,
excitent à leur tour les muscles. Quelle soit cette action des nerfs; comment,
elle se propage d’une des ses parties aux autres; comment elle passe aux muscles,
et comment il en resulte le mouvement de ces derniers; ce sont encore des pro-
blemes, pour l’explication desquels nous n’en sommes pas plus avancés qu’avant
la découverte dont il s’agit.

(18.) Je viens maintenant aux expériences qui prouvent toutes les asser-
tions que j’ai avancées dans ces derniers paragraphes. Dans la foule qui se
présente j’en choisirai quelques unes seulement, celles qui me paroissent mieux
établir certains principes, la plû-part nouveaux et differents de ceux adoptés
par Mr. GALVANI. Mais disons premièrement encore un mot des expériences