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les liquides sales étant beaucoup meilleurs conducteurs que l’eau simple,
ils laissent passer plus librement le courant électrique, lequel produit ainsi
des secousses plus fortes, etc.; en peu de mots, dans l’appareil en question,
ce sont les metaux de diverse nature, qui, par leur contact mutuel, incitent
le fluide avec une force notable, et le mettent en mouvement, comme je l’ai
démontré ailleurs par des expériences directes, et les corps humides interposés
entre les disques doubles de ces métaux, ne font que remplir la fonction de
conducteurs; je dis presque, à cause que ces corps, comme je l’ai prouvé,
sont tant soit peu excitateurs, mais à un degré si faible, qu’ils n’ajoutent
rien ou presque rien, à la force électrique véritable et propre de l’ensemble
de l’appareil.

Pour revenir à la construction de l’appareil, on voit que le tout se réduit
à entasser les unes sur les autres des doubles plaques de métal qui toutes
soient tournées dans le même sens, et à leur interposer autant de rondelles
de carton mouillées.

Voici tout l’appareil que j’appelle à colonne ou à pile et dans lequel le
fluide électrique reçoit une impulsion du bas en haut, si le zinc des doubles
plaques est tourné en haut, ou du haut en bas si le zinc est tourné en bas. Si
le nombre des doubles disques est de 60 à 70, la force de tension est telle
qu’elle fait diverger de 1/2 ligne l’électromètre de CAVALLO et de 2 lignes celui
de BENNET à feuilles d’or, et qu’elle fait sentir dans les bras des secousses
assez fortes, chaque fois qu’on touche d’une maniere convenable les deux
extrémités opposées de l’appareil.

Quoique la pile ne serait pas composée de 40 ou 50 disques doubles, on
pourrait néanmoins obtenir des secousses médiocres (a) , mais les signes sur
l’électromètre ne pourront être rendus sensibles que par le condensateur,
avec le secours dequel [1] il sera aussi facile d’obtenir des étincelles, etc.

Pour bien sentir la secousse, il est nécessaire de toucher les deux extré-
mités de la colonne avec des lames amples de métal qu’on saisit pleinement
avec les mains bien mouillées; ou bien, on conduit une lame de métal, par
exemple, une bande d’étain en feuilles, du pied de la pile dans un bassin plein
d’eau, on plonge un doigt dans ce liquide, et on touche le sommet de la pile
avec la lame tenue dans l’autre main. Dans ce dernier cas la commotion est
forte et douloureuse, mais elle ne s’étend pas loin, et on la sent peu dans l’autre